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Le continent américain, symbole d’une liberté de la presse dégradée en 2015, selon RSF

L'année 2015 n'aura pas été un bon cru pour la liberté de la presse. Globalement en recul, celle-ci marque surtout le pas sur le continent américain, selon le classement de Reporters sans frontières publié mercredi.

Il a été plus aisé d’être journaliste en Namibie qu’au Canada en 2015. Plus facile de jouer de sa carte de presse en Mauritanie qu’en Argentine. En guise de symbole d’une liberté de la presse globalement dégradée, le continent américain a glissé derrière l’Afrique au classement de la liberté de la presse de Reporters sans frontière (RSF), dans son édition 2015 publiée mercredi 20 avril.

Si la situation s'est dégradée dans toutes les zones géographiques, le continent américain a particulièrement reculé. En Amérique latine, "la violence institutionnelle (au Venezuela, 139e ou en Equateur, 109e), celle du crime organisé (comme au Honduras, 137e), l'impunité (comme en Colombie, 134e), la corruption (comme au Brésil, 104e), la concentration des médias (comme en Argentine, 54e) constituent les principaux obstacles à la liberté de la presse", souligne RSF.

Les dirigeants craignent "de trop grandes ouvertures du débat public"

En Amérique du Nord, les États-Unis (41e) pâtissent de la cyber-surveillance et le Canada, qui perd 10 places (18e), a vu sa situation se dégrader "pendant la fin du mandat de l'ancien Premier ministre Stephen Harper".

Ce classement de la liberté de la presse dans 180 pays, mis en place depuis 2002, s'appuie sur une série d'indicateurs : pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures et exactions. Tous ces indicateurs "témoignent d'une dégradation", constate Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. "De nombreuses autorités publiques essaient de reprendre le contrôle de leur pays, craignant de trop grandes ouvertures du débat public."

En Irak, le journalisme "relève de la bravoure"

La zone Afrique du Nord/Moyen Orient reste toutefois la région du monde où les journalistes sont "les plus soumis à des contraintes de toutes sortes". Dans certains pays en crise, comme l'Irak (158e), la Libye (164e) et le Yémen (170e), "exercer le journalisme relève de la bravoure", souligne l'ONG qui salue en revanche l'amélioration de la situation en Tunisie (96e), qui gagne 30 places.

En bas du classement, la Syrie stagne à la 177e place sur 180, juste derrière la Chine (176e) et devant le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e) et l'Érythrée (180e). Sur le podium, la Finlande conserve sa première place pour la sixième année consécutive, suivie des Pays-Bas et de la Norvège.

Si l'Europe demeure la zone où les médias sont le plus libres, RSF constate un affaiblissement de son modèle : "détournement du contre-espionnage et de la lutte contre le terrorisme, adoption de lois permettant une surveillance à grande échelle, augmentation des conflits d'intérêts, mainmise de plus en plus grande des autorités sur les médias publics et parfois privés, le continent ne s'illustre pas par une trajectoire positive".

En France (45e, -7 places), RSF déplore qu'"une poignée d'hommes d'affaires ayant des intérêts extérieurs au champ des médias finissent par posséder la grande majorité des médias privés à vocation nationale".

Avec AFP