Plusieurs syndicats de police ainsi que le ministère de l’Intérieur se disent indignés par la "violence" d'une affiche sur laquelle une branche de la CGT dénonce les violences policières contre les jeunes.
C’est l’affiche de la discorde. Depuis lundi 18 avril, syndicats de police et ministère de l’Intérieur se disent "choqués" par la campagne d'une organisation de la CGT dénonçant les violences policières contre les jeunes. Publiée le 16 avril par Info'com, la branche cégétiste des salariés de l'information et de la communication, l’affiche, téléchargeable sur internet, montre une matraque et un insigne de CRS, près d'une flaque de sang. Avec comme titre : "La police doit protéger les citoyens et non les frapper".
Pour le syndicat, "on ne compte pas les excès de la police qui veut mater les jeunes, qu'ils soient étudiants ou lycéens", en référence aux violences policières dénoncées par certains d'entre eux, dans le cadre de manifestations comme de la vie quotidienne.
Ce visuel met "gravement en cause la police nationale", a jugé lundi soir le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, dans une lettre ouverte au secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, dénonçant la "violence" d'une campagne "choquante".
Le ministre, qui rappelle que plus de 18 000 policiers et gendarmes ont été blessés en 2015 et que huit ont perdu la vie, assure que les forces de l'ordre sont "soumises à un contrôle étroit et exigeant" et il appelle à "protéger, plutôt que de chercher à détruire" le "lien de confiance entre la population" et les forces de sécurité.
"Injure"
Plus tôt dans la journée, deux syndicats d'officiers de police avaient déjà protesté contre cette affiche dans des communiqués séparés. Pour le SCSI-CFDT, majoritaire chez les officiers de police, c'est une "affiche de la honte". "C'est faire injure aux milliers de policiers et gendarmes blessés ou tués dans l'exercice de leur fonction", a-t-il écrit, ajoutant se réserver le "droit de porter plainte". Synergie (second syndicat) a évoqué un "appel abject à la haine" et à la "violence" contre les forces de l'ordre. Il a demandé au ministère de l'Intérieur de "déposer plainte contre cette campagne calomnieuse".
Les tensions entre manifestants et policiers sont récurrentes depuis le début du mouvement contre le projet de loi Travail, dans lequel les lycéens sont en première ligne, et plusieurs incidents ont eu lieu ces derniers jours dans des lycées d'Ile-de-France, occasionnant plusieurs dizaines d'interpellations.
Un policier mis en cause dans une vidéo largement diffusée où on le voit frapper un lycéen à Paris en marge de manifestations contre le projet de loi travail, le 24 mars, doit être jugé en mai pour violences volontaires.
Le parquet de Paris a ouvert mi-décembre une enquête préliminaire après la plainte déposée par 18 adolescents qui accusent des policiers du commissariat du XIIe arrondissement de violences, agressions sexuelles et insultes racistes à leur encontre.
Avec AFP