
L'application de l'accord nucléaire entre l'Iran et les grandes puissances fait face à "des défis" que l'UE et Téhéran veulent relever ensemble, ont affirmé samedi les chefs des diplomaties européenne et iranienne réunis à Téhéran.
L'Union européenne et l'Iran ont fait part samedi 16 avril de leur volonté de travailler ensemble pour surmonter "les défis" rencontrés dans la mise en œuvre de l'accord historique sur le nucléaire de juillet 2015. La chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, qui a joué un rôle clé dans les négociations entre les grandes puissances et l'Iran, s'est rendu à Téhéran samedi, accompagnée par sept commissaires européens.
La grande nouvelle de cette visite, a expliqué Mariam Pirzadeh, correspondante de France 24 à Téhéran, c’est aussi "l’arrivée d’une officière de liaison". "Elle sera basée à Téhéran de manière permanente, dans le but à terme d’ouvrir une représentation officielle de l’UE à Téhéran", a indiqué la journaliste.
La crainte de représailles des États-Unis
"Plus que des obstacles, ce sont des défis" auxquels se heurte la mise en œuvre de l'accord nucléaire, a reconnu Federica Mogherini lors d'une conférence de presse commune avec le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif. Elle a indiqué qu'il fallait que les Iraniens fassent preuve de patience pour que l'accord ait des effets "dans leur vie quotidienne". "Trois mois de défis" sont peu de choses par rapport aux "12 ans de négociations" nécessaires à la conclusion de l'accord en juillet 2015 à Vienne entre l'Iran et le groupe 5+1, a estimé la chef de la diplomatie de l'UE.
L'Iran espérait tirer rapidement des bénéfices économiques tangibles de l'accord sur le nucléaire, entré en vigueur officiellement le 16 janvier 2016. Mais Téhéran estime que les États-Unis n'ont pas respecté leurs engagements et l'empêchent de bénéficier pleinement de la levée d'une grande partie des sanctions qui pèse toujours sur le développement de son économie.
L'un des "défis" à surmonter est la réticence des banques européennes à intervenir en Iran, par crainte de représailles des États-Unis qui continuent à limiter les transactions en dollars avec ce pays. "Nous ne pouvons forcer personne, mais nous faisons tout pour rassurer les banques" européennes afin de favoriser "leur engagement en Iran", a affirmé la chef de la diplomatie de l'UE.
"Il est nécessaire que les États-Unis tiennent leurs engagements"
Mohammad Javad Zarif a de son côté affirmé que l'Iran et l'UE allaient "coopérer ensemble pour enlever les obstacles qui restent pour appliquer l'accord nucléaire". "Les Iraniens doivent sentir le plus tôt possible les résultats de l'accord, sinon ils se demanderont quelle en était la nécessité", a-t-il souligné.
"Nous avons donné des avertissements aux États-Unis et nous ferons certainement pression pour être certains qu'ils ouvrent la voie à la coopération entre les banques non-américaines et la République islamique d'Iran", a affirmé le chef de la diplomatie iranienne. Selon lui, "il est nécessaire que les États-Unis tiennent leurs engagements dans les faits et pas seulement sur le papier".
Tirs de missiles balistiques iraniens
Interrogée sur les récents tirs de missiles balistiques par l'Iran, qui inquiètent les pays européens et Washington, Frederica Mogherini a estimé qu'ils n'étaient pas "une violation" de l'accord nucléaire, en souhaitant cependant que l'Iran s'abstienne de mener des actions susceptibles de provoquer une "escalade" dans la région. Mohammad Javad Zarif a répété que ces tirs de missiles étaient "dissuasifs" et non "offensifs" et qu'ils n'emporteraient jamais de têtes nucléaires.
La question des droits de l'Homme en Iran n'a pas été éludée. La chef de la diplomatie européenne a rappelé que l'UE restait "ferme sur le principe", tout en favorisant "le dialogue" avec les pays accusés de ne pas les respecter. Une approche acceptable pour le ministre des Affaires étrangères iranien qui a souligné que les discussions ne soient pas "à sens unique" sur ce thème.
Avec AFP