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Plus d'un millier de personnes ont manifesté, vendredi, au Caire pour dénoncer la décision du président égyptien de céder deux îles de la mer Rouge à l'Arabie saoudite. C'est le plus grand rassemblement de contestation du pouvoir depuis deux ans.

La police égyptienne a fait usage de gaz lacrymogènes, vendredi 15 avril, pour disperser des centaines de manifestants au Caire et à Alexandrie, venus exprimer leur opposition à la rétrocession de deux îles de la mer Rouge à l'Arabie saoudite.

Près du syndicat des journalistes dans le centre du Caire, ils étaient plus d'un millier à s'être réunis, scandant notamment "À bas le régime militaire", le slogan du Printemps arabe en 2011. Dans ce pays interdisant tout rassemblement public qui ne serait pas préalablement autorisé par le ministère de l'Intérieur, il s'agit là du plus grand rassemblement de contestation du pouvoir depuis deux ans. Dans les rangs, de nombreux libéraux et activistes qui ne s'étaient pas mobilisés ainsi depuis le renversement de l'ancien président Mohamed Morsi.

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"S'il y a un grand nombre de manifestants, ce n'est pas seulement pour les îles, c'est une accumulation de plusieurs choses", a confié le journaliste Khaled Daoud, une figure de l'opposition, déplorant la perte de "l'espoir" né de la révolution de 2011, qui avait précipité la chute du raïs Hosni Moubarak.

Grenades lacrymogènes et arrestations

Le parvis du syndicat des journalistes, haut lieu de rassemblement contre le pouvoir, était ceinturé tout l'après-midi par les forces de l'ordre déployées en nombre dans la zone. Selon un officier de police, les agents ont tiré des grenades lacrymogènes et effectué des arrestations au cours de l'une des manifestations dans le quartier de Mohandessine, dans le centre de la capitale égyptienne.

À Alexandrie, la deuxième ville du pays, les manifestants ont été dispersés par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes, et certains ont été arrêtés, selon la même source.

Sissi accusé de "vendre" les îles aux Saoudiens

À l’origine, les manifestants protestaient contre la rétrocession à l’Arabie saoudite de deux îlots inhabités de Tiran et Sanafir, situés au large de la péninsule du Sinaï. Cet accord, signé au cours d'une visite historique au Caire du roi Salmane d'Arabie saoudite la semaine dernière, a provoqué une vague de protestations contre le président égyptien.

Jeudi, la police avait prévenu la population de ne pas manifester après l'appel de militants islamistes et laïcs à des rassemblements au Caire. Ces derniers accusent le président égyptien de "vendre" les îles en échange d'investissements saoudiens. Le gouvernement égyptien affirme pour sa part que l'Arabie saoudite avait demandé en 1950 à l'Égypte d'assurer la protection des deux îles qui lui appartenaient.

Le président Sissi jouit depuis son élection en 2014 d'une grande popularité mais essuie depuis quelques mois de nombreuses critiques pour sa gestion de la crise économique et la persistance des violences policières. Il est accusé par les organisations internationales de défense des droits de l'Homme d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire, réprimant implacablement toute opposition qu'elle soit islamiste, laïque ou libérale. Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, près de 40 000 prisonniers politiques croupissent dans les prisons égyptiennes.

Avec AFP