
Un tableau découvert dans un grenier près de Toulouse pourrait être une œuvre du peintre italien Le Caravage (1571-1610). Un cabinet d'expertise parisien estime qu'il ne s'agit pas d'une copie mais bien d'une peinture authentique.
De très nombreux mystères entourent la découverte d’un tableau dans le grenier d’une maison près de Toulouse. Selon le cabinet d’expertise parisien Eric Turquin, il s’agit bien d’une œuvre du peintre italien Michelangelo Merisi dit Le Caravage (1571-1610).
"Cet éclairage particulier, cette énergie typique du Caravage, sans correction, d'une main sûre, et les matières picturales, font que ce tableau est authentique", a-t-il affirmé, mardi 12 avril, lors d’une conférence de presse. Cet expert a également reçu un soutien de taille, celui de Nicola Spinoza, ancien directeur du musée de Naples, l'un des grands spécialistes du Caravage. "Il faut reconnaître dans la toile en question un véritable original du maître lombard, presque certainement identifiable, même si nous n'avons aucune preuve tangible et irréfutable", a ainsi indiqué Nicola Spinoza dans son compte-rendu d'expertise.
Concernant ce tableau estimé à 120 millions d’euros par le cabinet Turquin, "il y aura plus de controverses que d'expertises", a toutefois reconnu Eric Turquin qui a également expliqué avoir installé pendant deux ans le tableau dans sa chambre par "mesure de sécurité" et de discrétion après sa découverte en avril 2014.
L’existence de cette peinture "Judith et Holopherne", une huile sur toile réalisée entre 1600 et 1610, était connue "par une copie d'époque attribuée à Louis Finson", peintre flamand contemporain du Caravage. D’après Eric Truquin, il ne peut s’agir d’une copie car c’est "un morceau de peinture, où l’on voit de la spontanéité", alors qu’un "copiste réalise une version très appliquée".
Des experts partagés
En revanche, selon le Quotidien de l'Art, "une spécialiste de Caravage, Mina Gregori, estime à propos du tableau retrouvé qu'il ne s'agit pas d'un original, mais elle reconnaît en contrepartie la qualité indéniable de l'œuvre". "Le tableau devrait être envoyé au Louvre afin d'être étudié et, si son attribution venait à être confirmée, la France devrait alors débourser, selon les estimations, près de 100 millions d'euros pour le conserver dans ses collections", précise le magazine spécialisé sur son site Internet.
Il y a quelques semaines, un arrêté de la ministre de la Culture, paru le 31 mars au journal officiel, a "refusé le certificat d'exportation demandé pour ce tableau attribué possiblement à Michelangelo Merisi, dit Le Caravage". Selon le ministère, la toile mérite "d'être retenue sur le territoire comme un jalon très important du caravagisme, dont le parcours et l'attribution restent encore à approfondir".
Ce classement interdit donc pendant trente mois l’exportation de l’œuvre. L’État peut profiter de ce délai pour le racheter.
Avec AFP