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"Panama papers" : Kerviel dénonce l’impunité de la Société Générale

L'ancien trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel, a dénoncé jeudi l’impunité de la banque en matière d'évasion fiscale, soulignant les "mensonges" de son directeur général, Frédéric Oudéa, devant une commission d'enquête sénatoriale en 2012.

L’ancien trader de la Société Générale, Jérôme Kerviel, a dénoncé, jeudi 7 avril, les mensonges de son ancien employeur qu’il a qualifié de "multirécidiviste" en matière de paradis fiscal. D’après l’enquête menée par le quotidien Le Monde, les documents contenus dans les "Panama papers" affirment, entre autres, que la Société générale aurait créé 979 sociétés offshore, grâce aux services du cabinet panaméen Mossack Fonseca.

"On fait mine de découvrir aujourd'hui des choses qui étaient sues depuis des années et des années. En 2012, j'avais été entendu également dans la commission d'enquête sénatoriale sur le sujet en question, et j'avais dit exactement la même chose aux sénateurs", a déclaré Jérôme Kerviel, invité sur France info en compagnie de son avocat, David Koubbi. L’ancien trader est en conflit judiciaire avec la banque française depuis huit ans. Il a été condamné en 2010, puis en appel, à cinq ans de prison pour abus de confiance.

"La Société Générale a menti sous serment devant la représentation nationale"

Au lendemain des révélations des "Panama papers", dans un tweet ironique lundi, l’ancien trader avait écrit : "Je souhaite une bien belle semaine à la Société Générale ainsi qu'à ses conseils".

Mercredi, ce sont des sénateurs de gauche et des écologistes qui ont réclamé des poursuites judiciaires pour "faux témoignage" contre le directeur général de la Société Générale, Frédéric Oudéa, l'accusant d'avoir menti devant une commission d'enquête, sur la présence de la banque dans des paradis fiscaux en 2012. "La Société Générale a menti sous serment devant la représentation nationale" a réagi Jérôme Kerviel. Et d’ajouter : "Il y a une sorte d'impunité que j'ai connue dans mon dossier, et qu'on retrouve dans ce dossier-là".

La communiste Éliane Assassi, sénatrice de Seine-Saint-Denis, etprésidente du groupe PRC au Sénat, et Julien Bayou du groupe EELV, ont demandé, chacun de leur côté, au président Gérard Larcher de réunir le bureau du Sénat pour se saisir de cette affaire à la lumière des révélations des médias sur les "Panama Papers".

La Société Générale dénonce les "amalgames et les inexactitudes"

Selon la sénatrice de Seine-Saint-Denis, les documents mis au jour "contredisent totalement" les propos tenus par Frédéric Oudéa lors de son audition au Sénat en avril 2012. La parlementaire précise que le délit de faux témoignage devant une commission d'enquête parlementaire est passible de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amendes. Il avait alors déclaré que la Société Générale avait fermé ses implantations dans les paradis fiscaux, comme en atteste le compte rendu de l’audition devant la commission d’enquête du Sénat sur l’évasion des capitaux.

Pour sa défense, dans une interview au Figaro, Frédéric Oudéa avait dénoncé mercredi les "amalgames et les inexactitudes" visant la Société Générale et des chiffres qui circulent "sans commune mesure avec la réalité".

Avec Reuters