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La large victoire du "non", mercredi, lors du référendum aux Pays-Bas sur l'accord entre l'Union européenne et l'Ukraine, risque de remettre en question la ratification du traité, voire la survie même du gouvernement néerlandais.

Le "non" des électeurs néerlandais lors du référendum sur l'accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne (UE) l'a largement emporté mercredi, selon les résultats publiés jeudi 7 avril. Il pourrait remettre en question la ratification du traité, voire même la survie du gouvernement néerlandais.

Ils ont été 64 % à rejeter cet accord lors d'un scrutin dont la participation a atteint 32 %, un niveau particulièrement bas pour le pays mais légèrement supérieur au seuil des 30 % nécessaires pour qu'il soit validé.

L'accord, qui porte sur le commerce, la politique et la défense, est déjà en place à titre provisoire mais il doit être ratifié par les Vingt-Huit pour avoir pleine force légale. Les Pays-Bas, qui assurent la présidence tournante de l’UE jusqu'au 30 juin, est le seul pays à ne l'avoir toujours pas ratifié.

Un référendum seulement consultatif

Le référendum de mercredi, qui est le fruit d'une initiative populaire rendue possible par la loi depuis 2015, n'est que consultatif et malgré la victoire du "non", le gouvernement néerlandais n'est théoriquement pas tenu de bloquer le traité au niveau européen.

Mais il sera difficile pour le Premier ministre Mark Rutte, qui a déjà signé l'accord, de ne pas tenir compte de l'opinion de ses concitoyens au moment de le faire ratifier, d'autant que sa coalition est minoritaire au Sénat.

"Si la participation dépasse 30 % et que le camp du 'non' l'emporte avec une marge importante, alors mon sentiment est que la ratification ne peut tout simplement pas se poursuivre", a déclaré Mark Rutte à la télévision.

Le gouvernement menacé ?

Selon certains commentateurs politiques, le résultat du scrutin de mercredi pourrait entraîner la chute du très impopulaire gouvernement Rutte, ainsi que la convocation d'élections anticipées, sachant que les prochaines législatives sont pour le moment programmées au plus tard en mars 2017.

Le principal adversaire de Mark Rutte, l'eurosceptique populiste Geert Wilders, dont la popularité est au plus haut sur fond de crise migratoire en Europe, a estimé que le résultat du référendum marquait "le début de la fin" pour le gouvernement comme pour l'UE sous sa forme actuelle.

Ce sont des groupes eurosceptiques qui sont à l'origine de la pétition qui a réuni suffisamment de signatures pour contraindre le gouvernement à organiser cette consultation.

Pas un "obstacle" pour l'Ukraine

Pour le président ukrainien Petro Porochenko, le "non" des électeurs néerlandais ne serait pas un "obstacle" à l'intégration européenne du pays.

"Je tiens à souligner que ce référendum, conformément à la Constitution et à la législation des Pays-Bas, ne dispose que d'un caractère consultatif. Maintenant, la balle est entre les mains du gouvernement, du parlement et des hommes politiques des Pays-Bas. Je suis sûr que stratégiquement, cet événement n'est pas un obstacle sur le chemin de l'Ukraine vers l'Europe", a-t-il déclaré dans un communiqué. La Commission européenne n'a, elle, pas réagi dans l'immédiat.

Avec AFP et Reuters