Empêtré dans un scandale de corruption, l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva reste confiant quant à son entrée au gouvernement. Et ce, bien que la présidente Dilma Roussef, qui l'a nommé, est plus que jamais menacée de destitution.
"Jeudi, j'assumerai le poste de chef de cabinet si le tribunal suprême fédéral l'approuve", a affirmé samedi 2 avril Luiz Inacio Lula da Silva. L'ancien président brésilien affiche sa confiance, alors qu'il se trouve au cœur de la tourmente politique qui secoue son pays.
Lula s'exprimait lors d'un rassemblement de soutien à la présidente Dilma Rousseff, menacée de destitution, dans la ville de Fortaleza, dans le nord-est du Brésil. "Nous devons garantir la capacité de gouverner de Dilma", a-t-il soutenu.
Dilma Roussef, elle-même issue du Parti des travailleurs, a désigné le 16 mars Lula comme chef de cabinet - l'équivalent d'un Premier ministre -, affichant pour objectif de renforcer son équipe face à la procédure de destitution qui la menace. Mais la nomination de Lula a toutefois été suspendue par le Tribunal suprême fédéral (STF) après avoir suscité une vive controverse, car ce dernier est soupçonné par le juge Sergio Moro de corruption et blanchiment d'argent dans le cadre de l'enquête sur le scandale Petrobras. L'opposition voit dans sa nomination une manœuvre qui permettrait à Lula d'échapper à un éventuel placement en détention.
"C'est un coup d'État"
Le STF, qui a dessaisi provisoirement le juge Moro du volet de son enquête sur cette affaire, doit rendre rapidement une décision définitive sur l'entrée ou non de Lula au gouvernement. Sa décision marquera l'un des tournants de la crise politique qui secoue le Brésil, plongé également dans une grave crise économique, alors que Dilma Rousseff, soupçonnée d'avoir manipulé les comptes publics pour être réélue, doit s'expliquer lundi devant la commission parlementaire chargée de statuer, qui doit se prononcer sur son éventuelle destitution autour du 11 avril.
La présidente, qui estime qu'il s'agit d'une tentative de "coup d'État", s'efforce d'obtenir les soutiens parlementaires nécessaires pour éviter sa destitution.
Mais son camp a été nettement fragilisé par le départ de la coalition gouvernementale de son principal allié, le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), passé à l'opposition. Dans son discours à Fortaleza, Lula a d'ailleurs vivement critiqué le vice-président brésilien Michel Temer, chef du PMDB, qui s'est retourné contre Dilma Rousseff et lui succéderait jusqu'aux élections de 2018 si la procédure de destitution allait à son terme.
"Je veux qu'il apprenne ce que sont des élections. Temer est professeur de droit et il sait que ce qu'ils sont en train de faire, c'est un coup d'État", a lancé l'ancien président. "La forme la plus honteuse d'arrivée au pouvoir est de tenter de faire tomber un mandat légal", a-t-il insisté.
L'ancien vice-président, qui est un avocat constitutionnaliste de renom, a rapidement répliqué à Lula par l'intermédiaire de son service de presse. "Précisément parce qu'il est professeur de droit constitutionnel, Michel Temer a la certitude qu'aucun coup d'État n'est en cours au Brésil".
itAvec AFP