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CPI : un jihadiste malien poursuivi pour la destruction des mausolées de Tombouctou

La Cour pénale internationale (CPI) a confirmé jeudi l'inculpation d'un jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, pour la destruction de neuf mausolées protégés par l'Unesco à Tombouctou, en 2012. L'homme est accusé de crime de guerre.

Un jihadiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, présumé lié à Al-Qaïda, sera jugé par la Cour pénale internationale (CPI) pour la destruction de mausolées protégés par l'Unesco, à Tombouctou, en 2012. L’homme est accusé de crime de guerre. Il avait été remis par les autorités du Niger à la CPI le 26 septembre 2015.

Cette décision le renvoie "devant une chambre de première instance", a assuré la CPI dans un communiqué, ce qui ouvre la voie à un procès."La chambre a jugé que les preuves présentées par le procureur étaient suffisantes pour donner des motifs substantiels de croire Ahmad Al Mahdi pénalement responsable de la commission du crime de guerre que lui reproche le Procureur", a ajouté la Cour.

L'accusé est le premier jihadiste écroué par la CPI. Il "a exprimé son désir de plaider coupable". Selon l'accusation, il a été l'un des chefs d'Ansar Dine, un groupe islamiste malien radical associé à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Il est aussi le premier suspect arrêté dans l'enquête de la Cour sur les violences de 2012-2013 au Mali et le premier poursuivi pour destructions d'édifices religieux et monuments historiques. Al Faqi Al Mahdi, âgé d'environ 40 ans, s'est rendu responsable de crimes de guerre en ayant détruit neuf mausolées et une des plus importantes mosquées de la ville, Sidi Yahia, entre le 30 juin et le 10 juillet 2012, affirme l'accusation.

L'accusé, un "intellectuel soucieux du bien collectif", selon ses avocats

Selon la défense, l'accusé est "un intellectuel instruit soucieux du bien collectif". "Il ne s'agit pas d'attaquer des tombeaux mais de mettre en œuvre des moyens qui visent à libérer les tombeaux d'éléments qui ont été construits sur ceux-ci", avait assuré son avocat, Me Jean-Louis Gilissen, lors de l'audience de confirmation des charges.

Fondée entre les XIe et XIIe siècles par des tribus touareg et inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, Tombouctou a été un grand centre intellectuel de l'islam et une ancienne cité marchande prospère des caravanes. La "cité des 333 saints" a connu son apogée au XVe siècle.

La destruction en 2012 de 14 mausolées de saints musulmans par Ansar Dine au nom de la lutte contre "l'idolâtrie" avait provoqué l'indignation à travers le monde. Les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda avaient pris le contrôle du nord du Mali en mars-avril 2012, après la déroute de l'armée face à une rébellion à dominante touareg.

Ces jihadistes ont été en grande partie chassés après le lancement en janvier 2013 d'une intervention militaire internationale, à l'initiative de la France. Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères.

L'Unesco a, depuis, restauré les 14 mausolées détruits à Tombouctou, qui se trouve à 1 000 kilomètres au nord-est de la capitale Bamako.

Avec AFP