Dans une interview exclusive accordée à France 24, le président nigérien Mahamadou Issoufou, réélu pour un second mandat mardi, s’est dit prêt, "dans l’intérêt du Niger", à associer l’opposition dans un gouvernement d’union nationale.
Le président nigérien Mahamadou Issoufou, réélu pour un deuxième quinquennat mardi 22 mars, a accordé une interview à France 24, au lendemain de sa victoire. Élu avec un score écrasant de plus de 92 % des voix, dû en grande partie au boycott du scrutin par l’opposition, le président nigérien savoure sa victoire. "Le Niger n’a pas dérogé à l’organisation d’élections libres, transparentes, paisibles. Malgré le mot d’ordre de boycott de l’opposition, les Nigériens ont répondu, ils sont sortis massivement pour voter parce que le taux de participation est d’environ 59 %", a-t-il déclaré.
Pour éviter d’éventuelles tensions dans son pays, Mahamadou Issoufou a tendu la main aux partis d’opposition et proposé ce mercredi un gouvernement d'union nationale. "Je suis […] prêt dans l’intérêt du Niger à […] associer l’opposition au gouvernement de ce pays."
"Il faut taire les vaines querelles, il faut se rassembler, il faut s’unir afin de répondre aux aspirations du peuple nigérien". L'opposition, qui a dénoncé "une parodie électorale", estime que le président Issoufou ne sera plus légitime à la fin de son mandat qui expire le 1er avril. Elle a notamment appelé à la "résistance citoyenne".
"Le terrorisme : une menace mondiale qui nécessite une riposte mondiale"
Concernant son programme politique, le président Issoufou souhaite en priorité que son pays, l’un des plus pauvres de la planète, ne souffre plus de la faim. "Pendant les cinq dernières années, le Niger a fait beaucoup de progrès. Nous avons construit des routes, le train va arriver… Nous avons beaucoup progressé dans le domaine de l’alimentation avec le programme 3N 'les Nigériens nourrissent les Nigériens'. On ne peut pas épuiser tous ces problèmes en un seul mandat c’est pour ça que je veux poursuivre [ma politique] pendant ce second mandat."
Pays de 18 millions d'habitants, le Niger vit également sous la menace permanente des groupes jihadistes sahéliens et notamment d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) à ses frontières ouest et nord, alors le Sud-Est subit les attaques répétées des islamistes nigérians de Boko Haram.
"Le terrorisme frappe partout, c’est une menace mondiale qui nécessite une riposte mondiale", a déclaré le président nigérien tout en condamnant les attentats de Bruxelles, comme ceux de Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Pour lutter contre le terrorisme, il est impératif, selon Issoufou, que "l’Afrique travaille en étroite collaboration avec l’Europe". "J’entends certains dire parfois que mettre de l’argent dans la sécurité c’est jeter l’argent par la fenêtre… Non, je pense que la sécurité, le développement, la démocratie vont tous les trois ensemble."