L'Emeraude, l'un des six sous-marins nucléaires d'attaque français, entame avec ses sonars ultra-sensibles et ses 72 hommes d'équipage la recherche des boîtes noires de l'Airbus d'Air France qui s'est abîmé au large du Brésil.
Avec ses sonars ultra-sensibles et ses 72 hommes d’équipage, l’Émeraude, l’un des six sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) français, s'est lancé, mercredi matin, à la recherche des boîtes noires de l’Airbus A330 d’Air France disparu au large du Brésil il y a 10 jours.
La France n'avait jusqu'à présent jamais engagé de tels moyens en de telles circonstances, mais l’enjeu est de taille. S'ils sont récupérés, ces enregistreurs - en réalité orange ou rouge - révéleront les paramètres techniques du vol ainsi que les dernières conversations et les derniers bruits entendus dans le cockpit avant l’accident. Ces données permettraient à l’enquête de franchir un pas décisif. Reste à les retrouver en bon état...
"Les boîtes noires sont conçues pour résister très longtemps à des conditions extrêmes, comme le feu ou les fortes pressions que l'on trouve à une très grande profondeur d’eau. Si elles sont restées hermétiques la première semaine, elles peuvent le rester un an ou plus", explique à FRANCE 24 Pierre Sparaco, éditorialiste d’Aviation Week et membre de l’Académie de l’air et de l’espace.
L'Émeraude dispose d'importants moyens pour mener cette quête : des sonars et des opérateurs - ses "oreilles d’or" - dont la mission habituelle est précisément de "chasser" d’autres sous-marins ou navires de surface dans le silence des profondeurs.
Le sous-marin français, qui couvrira quotidiennement une zone de 20 nautiques sur 20, soit 36 km de côté, "va se comporter un peu comme un gros ballon dirigeable qui circulerait au-dessus d’une chaîne de montagne avec des jumelles", explique le capitaine de vaisseau Jérôme Érulin, chef du service d’information et de relations publiques de la Marine.
Mission impossible
La réussite de sa mission est toutefois incertaine. "Il faudra un sacré coup de chance puisqu’on ne dispose pas de la position exacte du crash mais le coup mérite d’être tenté", avait prévenu dès vendredi l’état-major des armées.
"Les boîtes sont équipées de balises qui émettent des ultrasons durant un mois" seulement, explique Pierre Sparaco, qui ajoute : "Il est déjà très difficile de les retrouver quand elles émettent, alors il l'est encore plus quand elles s’arrêtent." Selon lui, la surface maritime énorme dans lesquelles se déroulent les recherches, et les conditions - de profondeur et d’obscurité - rendent la mission pratiquement impossible.
En fin de semaine, deux remorqueurs américains disposant également de sonars se lanceront aussi à la recherche des enregistreurs de vol de l’A330 d’Air France. Le dispositif sera complété par un navire de l’Institut français de la recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), le Pourquoi Pas. Ce navire, qui devrait arriver sur zone jeudi, transporte trois robots sous-marins dont deux peuvent descendre jusqu’à 6 000 mètres de profondeur. Ils sont capables de localiser avec précision les boîtes noires et surtout de les récupérer à l’aide de bras articulés.