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Sven Mary, l’avocat de Salah Abdeslam, veut porter plainte contre le procureur de Paris

Sven Mary est chargé de la défense de Salah Abdeslam, logisticien présumé des attaques du 13 novembre à Paris, arrêté le 18 mars. Ce célèbre pénaliste a d’ores et déjà annoncé qu’il porterait plainte contre le procureur de Paris.

Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam et ténor du barreau de Bruxelles, a annoncé dimanche 20 mars qu'il comptait porter plainte pour violation du secret de l'instruction contre le procureur de Paris, François Molins.

Il reproche à celui-ci d'avoir dévoilé samedi des éléments du premier interrogatoire de Salah Abdeslam après son arrestation. François Molins avait révélé qu'Abdeslam avait affirmé aux enquêteurs belges qu'il "voulait se faire exploser au Stade de France" le soir des attentats, avant de faire "machine arrière".

Un peu plus tôt dans la journée de samedi, Salah Abdeslam n’est entendu par les enquêteurs belges que depuis quelques heures lorsque Sven Mary décide de s’exprimer face à la presse.

Le pénaliste, âgé d’une quarantaine d’années, crâne chauve et barbe naissante,  donne le ton. Il n'entend pas plier face à l'énorme pression de la justice française. L’annonce du refus d’Abdeslam d’être remis à la France fait couler beaucoup d’encre mais ne change pas grand-chose au sort qui attend le présumé logisticien des attentats du 13 novembre perpétrés à Paris et Saint-Denis (93).

Pour Claude Moniquet, président de l'European Strategic Intelligence and  Security Center (ESISC), interrogé par France 24, Sven Mary cherche "surtout à faire parler de lui". "Salah Abdeslam sera en prison en France dans deux à trois mois, [...] il n'y a aucun moyen légal de l'éviter", ajoute l'expert en contre-terrorisme.

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Sven Mary, l’avocat de Salah Abdeslam, veut porter plainte contre le procureur de Paris

Salah Abdeslam "vaut de l’or"

Dimanche, Me Mary a estimé que Salah Abdeslam était "d'une importance capitale pour cette enquête". "Je dirais même qu'il vaut de l'or. Il collabore, il communique, il ne maintient pas son droit au silence. Je pense qu'il serait intéressant de laisser maintenant le temps au temps, pour que je puisse en parler avec lui, pour que les enquêteurs puissent parler avec lui", a-t-il indiqué sur la télévision publique RTBF.

Ces affirmations sont largement remises en question par Claude Moniquet qui estime que "Salah Abdeslam ne parlera vraiment que le jour où il donnera des informations opérationnelles sur la façon dont ont été préparés les attentats du 13 novembre [...]" et sur le sort d'autres terroristes recherchés ou qui seraient en train de préparer des attentats en Europe.

Sven Mary, qui a notamment défendu le chef du groupuscule salafiste Sharia4Belgium Fouad Belkacem, avait été approché fin 2015 par l'entourage de Salah Abdeslam, à la recherche d'un éventuel avocat dans l'hypothèse de l'arrestation du fugitif le plus recherché d'Europe.

Au quotidien "Le Soir", il avait expliqué : "Moi, ce qui me motive, c'est de lutter contre l'arbitraire et l'abus de pouvoir. Et là, on est en plein dedans", disait-il à propos du volet belge de l'enquête sur les attaques de Paris, en partie fomentées depuis la Belgique.

Malgré la pression, le père de famille a décidé d'aller de l'avant. "J'ai choisi mon métier et ma spécialité et j'assume. Les attentats parisiens m'ont révulsé et j'ai des idées personnelles au sujet du jihadisme qu'on ne m'enlèvera pas de la tête. Mais mon mandat est de défendre les personnes qui me demandent de le faire", a expliqué Sven Mary dans la presse locale.

Il a toutefois posé une condition, respectée par  Salah Abdeslam lors de son premier interrogatoire : que celui-ci ne nie pas sa présence à Paris le 13 novembre.

Avec AFP