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Engagés dans la course à la magistrature suprême, les trois adversaires de Mahmoud Ahmadinejad ont-ils de réelles chances de vaincre le président sortant ? Revue de détails des candidats en lice.

Les 12 membres influents du Conseil des Gardiens n’ont permis qu’à quatre des 475 candidats inscrits de se lancer dans la course à la magistrature suprême. Dans les starting-blocks : le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, ainsi que trois adversaires, dont deux réformateurs affirmés, un ancien Premier ministre et un ex-président du Parlement. Le troisième prétendant est un conservateur qui dirigea les Gardiens de la Révolution.


De nombreux observateurs s’attendent à un duel final entre Ahmadinejad et l’ancien chef de gouvernement Mir Hossein Moussavi, un réformateur. Les deux hommes se sont affrontés le 2 juin lors du premier débat présidentiel retransmis sur la télévision iranienne. Des insultes ont fusé des deux côtés, Ahmadinejad calomniant l’épouse de Moussavi, et ce dernier accusant le président d’avoir écorné l’image de l’Iran dans le monde.


Alors que la campagne s’intensifie, des responsables du conseil électoral disent s’attendre à une forte participation des 46,2 millions d’électeurs iraniens.


FRANCE 24 fait le point sur les quatre candidats en lice.


Mahmoud Ahmadinejad

Connu pour ses discours enflammés et ses défis lancés à l’Occident, le président sortant brigue un second mandat de

quatre ans. Mahmoud Ahmadinejad a provoqué la colère de nombreuses personnes à l’étranger en appelant à la destruction d’Israël, en qualifiant l’Holocauste de "mythe" et en refusant d’accorder, comme le demande la communauté internationale, l’accès au programme nucléaire iranien.

L’ancien maire de Téhéran a toutefois su gagner des soutiens en Iran en défendant le droit de son pays à développer des sources d’énergie nucléaire et en niant chercher à se doter de l’arme nucléaire. Ahmadinejad bénéficie, en outre, du soutien du leader suprême, l’ayatollah Khamenei, des Gardiens de la Révolution et des médias publics, fréquemment montrés du doigt pour leur partialité.

Selon les analystes, le point le plus faible du président sortant demeure son bilan en matière de politique économique. Après avoir promis d’utiliser les ressources pétrolières pour aider les secteurs les plus pauvres du pays, le président iranien n’est pas parvenu à redresser une économie jugée moribonde.

De nombreux Iraniens estiment également que son style provocateur sur la scène internationale a desservi l’image du pays dans le monde.


Mir Hossein Moussavi

Il fut le dernier Premier ministre iranien (1981-1989) avant que le poste ne soit supprimé. Mir Hossein Moussavi a su s’imposer comme le plus sérieux rival de Mahmoud Ahmadinejad. En mai, le camp de ce réformateur âgé de 68 ans a suscité l’intérêt, jusque-là limité, de la communauté en dénonçant la censure pratiquée par le régime de Téhéran. Les autorités iraniennes avaient, en effet, bloqué l’accès à Facebook, un site Internet de sociabilisation dont les modérés se servent pour mener campagne (l’accès a été rétabli quelques jours plus tard). Actuel président de l’Académie des arts, Moussavi se sert également de Twitter dans sa quête du pouvoir.

Soutenu par l’ancien président réformateur Mohammad Khatami, qui a lui-même perdu à sa propre réélection en 2005 face à Ahmadinejad, l’ex-chef du gouvernement a affirmé son soutien aux droits des femmes. Aussi s’est-il engagé à abolir la police morale qui veille au respect de la tenue islamique pour les femmes, n’hésitant pas à arrêter celles qui ne sont pas convenablement vêtues. Ancien conseiller présidentiel (1989-2005), le candidat réformateur a également affirmé son intention de mettre en place des mesures visant à lutter contre les violences faites aux femmes.

Parallèlement, Moussavi soutient les efforts de l’Iran pour se doter de l’énergie nucléaire dans une démarche pacifique.

Mehdi Karroubi

Ancien président du Parlement (1989-1992), le plus réformateur des candidats, Mehdi Karroubi, 72 ans, n’a de cesse de critiquer la politique menée par Ahmadinejad et a maintes fois condamné sa négation de l’Holocauste. Véritable pourfendeur de "l’Iran des conservateurs", Karroubi se veut un modéré dans le domaine social, économique et politique.

Fondateur du Parti de la confiance nationale (Etemad-e Melli), il s’est longtemps fait l’avocat du droit des femmes et prône une participation plus élargie au gouvernement, basée sur le genre, la religion et l’appartenance ethnique. Lors de la présidentielle de 2005, Karroubi s’est placé en troisième position et a contesté les résultats du vote, dénonçant des achats de voix et des interférences dans le scrutin.

Mohsen Rezai

Agé de 54 ans, il est le seul candidat conservateur opposé à Ahmadinejad. Ce militaire de carrière fit partie de l’opposition armée contre le régime du shah Mohammed Reza Pahlavi, soutenu par les Etats-Unis avant sa chute en 1979

. Rezai a dirigé les Gardiens de la Révolution lors de la guerre Irak-Iran, entre 1980 et 1988. Plus tard, il fut membre du Conseil de discernement, haute autorité d’arbitrage en Iran.

Docteur en économie, Mohsen Rezai dit vouloir aider l’Iran à sortir d’une économie régie par l’Etat et développer le secteur privé. Il est l’un des cinq Iraniens recherchés dans le cadre de l’attaque qui avait 85 morts dans un centre juif, en 1994. Un mandat d’arrêt international a été lance contre lui en 2006. Sa candidature pourrait empêcher le président de remporter une large victoire.