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L'ONU adopte une résolution qui s'attaque aux abus sexuels commis par des casques bleus

Le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution qui prévoit de rapatrier des contingents entiers de Casques bleus en cas de soupçon d'abus sexuels. Cette initiative avait suscité des réserves de la part de plusieurs pays.

C’est avec difficulté que le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté vendredi 11 mars une résolution qui s'attaque pour la première fois aux abus sexuels commis par les Casques bleus, un problème récurrent et particulièrement aigu en Centrafrique ou en République démocratique du Congo.

La résolution, présentée par les États-Unis, prévoit de rapatrier des contingents entiers de Casques bleus en cas de soupçon d'abus sexuels ou d'exploitation sexuelle. L'ONU l'a déjà fait pour des contingents de République démocratique du Congo et du Congo-Brazzaville opérant en Centrafrique. Si un pays ne prend aucune mesure contre ses soldats fautifs, il pourra même être écarté totalement des opérations de maintien de la paix.

Des réserves de certains pays

Le vote a été acquis par 14 voix favorables et une abstention (de l'Égypte), après le rejet d'un amendement égyptien qui aurait édulcoré le texte. Cette initiative avait d'emblée suscité des réserves de la part de plusieurs pays dont la Russie, l'Égypte et le Sénégal.

Tout en "condamnant sans équivoque" les abus sexuels, l'Égypte critiquait une "punition collective" pour les crimes commis par "quelques dizaines" de brebis galeuses. Une telle approche risque d'avoir "un grave impact sur le moral du personnel et de ternir la réputation" des pays qui fournissent des Casques bleus, a averti vendredi l'ambassadeur égyptien Amr Abdellatif Aboulatta. Quatre pays (Angola, Russie, Chine, Venezuela) ont soutenu l'amendement égyptien, avant de se rallier finalement au texte américain.

Une augmentation des abus sexuels

Dans un rapport publié la semaine dernière, l'ONU indiquait avoir reçu l'an dernier 99 nouvelles plaintes contre son personnel pour des cas d'agression ou d'exploitation sexuelles présumées, soit 19 de plus qu'en 2014.

Deux missions cumulaient en 2015 la moitié des cas : celles en Centrafrique (Minusca) et en RDCongo (Monusco). Ce problème endémique ne date pas d'hier et ne semble pas s'améliorer : depuis le début de l'année, 26 nouvelles accusations ont émergé.

Mais seuls les pays fournisseurs de soldats aux missions sont habilités à sanctionner pénalement les coupables et ils le font avec beaucoup de réticences. Des soldats français de Sangaris, accusés de viols d'enfants en Centrafrique, sont l'objet d'une procédure judiciaire en France.

Avec AFP et Reuters