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La Slovénie ne laisse plus transiter de migrants sans papiers par son territoire, sauf exceptions "humanitaires". Une mesure qui ferme un peu plus la route migratoire des Balkans, encore empruntée par des centaines de Syriens et d'Irakiens.

La route migratoire empruntée par quelques centaines de Syriens et d'Irakiens dans les Balkans se referme. Depuis mercredi 9 mars, la Slovénie ne laisse plus transiter de migrants sans papiers par son territoire. Seuls ceux prévoyant de demander l'asile dans la petite république ou ceux qui demandent à franchir la frontière pour des raisons humanitaires seront autorisés à passer.

Les situations "humanitaires" seront examinées au cas par cas, a précisé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. Pour ce qui est des demandes d'asile, sur les quelque 478 000 personnes qui sont passées par la Slovénie depuis octobre dernier, seules 460 y ont déposé une demande, les autres ont poursuivi vers l'ouest, en Allemagne notamment.

La Serbie, qui elle n'est pas membre de l'Union européenne (UE), a indiqué qu'elle ferait de même. La Croatie, membre de l'UE mais non de la zone de libre circulation de Schengen, a annoncé qu’elle n'accepterait plus le passage sur son territoire de migrants non munis de visas. La Macédoine, pays non membre de l'UE par lequel les migrants quittent la Grèce, a dit s'aligner sur le nombre de migrants acceptés par son voisin serbe.

Les migrants "comme une monnaie d'échange"

Privés de cette route des Balkans, les candidats à l'asile n'auront plus d'autre choix que de s'en remettre au nouveau plan d'action dévoilé la veille à Bruxelles pour "changer la donne". Après des tractations laborieuses, les dirigeants européens se sont séparés sans accord définitif mais avec en main des propositions turques nouvelles et inattendues, qu'ils ont promis d'étudier et de finaliser d'ici un prochain sommet prévu les 17 et 18 mars dans la capitale belge.

Selon ce plan, Ankara propose de reprendre tous les migrants arrivés en Europe via son territoire en échange d'une aide financière accrue et d'une accélération des négociations d'adhésion. Pour chaque Syrien reconduit en Turquie depuis la Grèce, un autre Syrien de Turquie serait par ailleurs accueilli dans un État membre de l'UE.

>> À voir dans le Débat de France 24 : "Vers un accord donnant-donnant ?"

Cette règle du "un pour un" proposée par Ankara est présentée comme un moyen de démanteler le modèle économique des réseaux de passeurs, de dissuader les migrants comme les réfugiés d'entreprendre la dangereuse traversée de la mer Égée, de soulager la Grèce et de protéger les frontières extérieures de l'UE. Le gouvernement turc demande aussi en échange un doublement de l'aide de trois milliards d'euros promise fin novembre par les Européens.

Le président du Conseil européen Donald Tusk y a vu un net progrès. "Le temps des migrations irrégulières en Europe est révolu", s'est-il félicité. Mais le Haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, s'est dit "profondément préoccupé par tout arrangement qui impliquerait le retour indiscriminé de gens d'un pays à un autre".

Amnesty International a jugé la proposition turque "déshumanisante", et un responsable de l'ONG Human Rights Watch, Bill Frelick, a estimé que les réfugiés ne devaient pas être traités "comme une monnaie d'échange".

Avec AFP et Reuters