Elle avait été décrite comme l’application la plus "détestée au monde". Peeple propose d’évaluer ses voisins, collègues et autres connaissances. Mais cette fois-ci, il ne serait plus possible d’en faire un paradis pour cyber-harceleurs.
Elles vous ont compris… en apparence. Nicole McCullough et Julia Cordray assurent que Peeple, l’application qu’elles ont mise au point ensemble, n’a plus rien à se reprocher. Elles l’ont donc rendue disponible dans un premier temps à tous les utilisateurs américains d’iPhone, lundi 7 mars, six mois après avoir été qualifiées de personnages "immoraux" ayant créé l’application "la plus détestée au monde".
Le principe de base de Peeple n’a pourtant pas changé et demeure controversé. L’appli sert toujours à évaluer son voisin, son collègue, son plombier ou n’importe qui d’autre. Un concept qui avait poussé le Washington Post à publier, en octobre dernier, une violente charge contre ce "terrifiant ‘Yelp’ (un site pour noter les restaurants et bars) pour êtres humains".
Calmer l’ire des internautes
La première version de l’application permettait de donner une note de 1 à 5, assortie d’un commentaire, à n’importe qui dont on possédait le numéro de téléphone sans avoir besoin que la "victime" accepte d’être ainsi évaluée. Une remarque positive était mise en ligne sans attendre, tandis qu’une critique n’était publiée qu’après 48 heures pour laisser à la personne mise en cause le temps de réagir. Un paradis pour "cyber-harceleur", avait dénoncé Elle Dawson, une "survivante d’abus" infligés par des ex.
Un raz-de-marée de critiques sur Internet avait poussé les deux femmes à repousser la sortie de leur application. Il leur a fallu six mois pour apporter un certain nombre de modifications censées calmer l’ire des médias et internautes. Il faut dorénavant accepter de faire partie de ce réseau social pour pouvoir être évalué par d’autres et les utilisateurs peuvent faire disparaître de leur profil les critiques négatives. En clair, la victime d’évaluations en rafale contrôle ce que les autres peuvent lire sur elle. Conséquence : des utilisateurs qui ont demandé à participer à une phase de tests de Peeple avant son lancement public ont "tous apprécié de faire preuve de gentillesse à l’égard des autres", assure au quotidien britannique The Guardian Julia Corday.
Version payante controversée
Ces changements sont censés permettre "en toute sécurité" à Peeple de remplir son rôle social tel qu’imaginé par les deux femmes. L’appli doit servir à des parents pour juger si des baby-sitters sont dignes de confiance ou encore à des clients qui veulent savoir quelle est la réputation de différents commerçants.
Mais toutes ces précautions n’ont pas suffi. Résumer les êtres humains à des évaluations sur une application ne passe toujours pas et une pétition d'appel au boycott en ligne a été lancée dimanche 6 mars.
Surtout, les deux créatrices de Peeple envisagent de lancer une version payante de leur application qui risque de réduire à néant tous les garde-fous du Peeple gratuit. Les utilisateurs qui accepteront de verser un abonnement mensuel pourront lire toutes les évaluations, même celles, négatives, "bloquées" par les victimes de ces critiques. Cette option payante démontre, d’après le site spécialisé "The Next Web", que la seule différence entre le nouveau et l’ancien Peeple est que les deux femmes comptent se faire de l’argent sur le dos de ceux qui veulent lire des méchancetés sur les autres.