"Ami", "frère", "sage" : les réactions et les hommages se multiplient en France et sur le continent africain après l'annonce de la mort du chef de l'État gabonais. À Paris, le président français Nicolas Sarkozy a exprimé son "émotion".
AFP - L'annonce lundi de la mort du président gabonais Omar Bongo Ondimba a provoqué une avalanche d'hommages au "sage" et à "l'ami", venus de personnalités politiques françaises, mais surtout de l'ensemble du continent africain, qui voyait en lui "un grand fils".
"Un ami" pour le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, un "sage" pour l'ex-président de la République Jacques Chirac et son épouse Bernadette, "un grand et fidèle ami de la France" pour le président Nicolas Sarkozy: les cercles politiques français ont salué un personnage-clé de la "Françafrique".
"Il a été de tous les conflits en tant que médiateur, très souvent à la demande de la France, à la demande de l'Europe, en Centrafrique, au Congo Brazzaville, au Tchad. C'était quelqu'un de très écouté en Afrique", a insisté le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet.
Mais c'est surtout le continent africain qui vibrait sans réserve pour le doyen des chefs d'Etat africains en terme de longévité politique, mort alors qu'il était à la tête de son pays depuis plus de 41 ans.
Le roi du Maroc, Mohammed VI, a regretté la perte d'un "fidèle ami du royaume", tout comme le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui pleurait son "ami et frère" et saluait "la mémoire de l'illustre disparu qui a oeuvré toute sa vie durant au service de son pays et de l'Afrique".
Beaucoup se souvenaient de ses talents, maintes fois éprouvés, pour les négociations de paix.
Le chef de l'Etat ivoirien Laurent Gbagbo, qui s'était un temps brouillé avec Bongo après l'avoir qualifié de "rigolo et (de) donneur de leçon" a salué un "acteur clé" de l'"émancipation politique" africaine.
L'Union des forces de la résistance (UFR), qui rassemble la plupart des factions rebelles tchadiennes, a pour sa part rappelé "ses efforts pour ramener la paix" au Tchad et son "investissement personnel dans nos conflits fratricides" faisant de lui "un symbole".
"C'est une très grande perte pour la République centrafricaine" pour laquelle M. Bongo s'était impliqué dans le "processus délicat de réconciliation et pacification", a souligné un porte-parole du pouvoir à Bangui.
"C'est une perte immense pour le Gabon et l'Afrique entière. Nous venons de perdre un homme, un sage", a renchéri Alain Akouala Atipault, le porte-parole du gouvernement du Congo.
Dans l'attente du communiqué officiel de l'Union africaine (UA), le président du Conseil de Paix et Sécurité (CPS) de l'organisation, Ramtane Lamamra, déplorait "la perte d'un très grand fils de l'Afrique qui a apporté des contributions significatives aux questions du continent ainsi qu'aux succès" de l'UA.
Il n'était que quelques organisations militantes pour évoquer un passé moins reluisant, des soupçons de corruption et de clientélisme.
"Il faut fermer la page d'une certaine forme de gestion et de gouvernance en Afrique avec un pouvoir absolu du président, qui est une espèce de +parrain+ (...)", a relevé Alioune Tine, responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (RADDHO) à Dakar.
"C'était un président qui n'avait pas le souci de ses citoyens. Il a bien servi les intérêts de la France et des hommes politiques français", a estimé de son côté l'ancienne juge et nouvelle députée européenne verte, Eva Joly.
"La manne pétrolière n'a pas profité" aux Gabonais, a-t-elle estimé. "La France a une grande dette envers le Gabon pour avoir maintenu au pouvoir pendant toutes ces années M. Bongo", a ajouté l'ancienne magistrate, qui a instruit la tentaculaire affaire Elf et ses ramifications gabonaises.