Oussama Ben Laden était du genre à coucher sur papier ses préoccupations. Des lettres et des notes rédigées par l’ancien dirigeant de la nébuleuse islamiste et saisies en mai 2011 lors du raid des commandos de l'US Navy à Abbottabad, au Pakistan, ont été déclassifiées mardi 1er mars par les renseignements américains. Écrits dans les mois précédant sa mort, ces documents fournissent de nouveaux renseignements sur l’état d’esprit du leader islamiste. Notamment en matière… d’écologie.

Dans une de ces lettres, Oussama Ben Laden appelait en effet le peuple américain à se ranger du côté d’Obama pour lutter contre le "catastrophique" changement climatique et à "sauver l’humanité". En amorçant cette "formidable révolution pour la liberté", les Américains auraient ainsi pu encourager le président Obama "à prendre des décisions rationnelles pour protéger l’humanité contre ces gaz à effet de serre qui menacent notre destinée".

Si le message paraît quelque peu étrange venant d'un chef de guerre, la lettre a pourtant été authentifiée par les services de renseignements, qui situent sa rédaction approximativement au début du premier mandat du président Obama, courant 2009. Déjà, en mai 2015, lorsque le gouvernement américain avait rendu public un premier paquet de documents ayant appartenu à Ben Laden, l’environnement paraissait faire partie de ses centres d’intérêt.

Dans une seconde lettre, où il est entre autre question d’une campagne de communication autour du 10ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001, il implore à nouveau "le monde de faire les efforts nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre". Il regrette que ce "combat entre les deux cultures les plus importantes de la planète" doive avoir lieu "dans l’ombre de conditions climatiques catastrophiques".

Oussama, écolo ? Peut-être, mais les 113 fichiers mis en ligne mardi permettent aussi d’en apprendre un peu plus sur les objectifs multiples du chef spirituel d'Al-Qaïda à l’époque où il était encore en vie : ce dernier prévoyait de nouvelles attaques aux États-Unis et en Europe ("Nous devons étendre et développer nos opérations aux États-Unis, et ne pas nous limiter à faire exploser des avions"), voulait faire exécuter des otages français avant la présidentielle de 2012 ("Si [le président français Nicolas Sarkozy] refuse de négocier, alors une semaine avant l'élection présidentielle, nous tuerons l'un des otages, celui avec le rang et la position les plus basses dans la société") ou tenait encore à dédier une partie de sa fortune personnelle à la guerre sainte ("J'espère que mes frères, soeurs, et tantes maternelles respecteront ma volonté et dépenseront tout l'argent que j'ai laissé au Soudan pour le jihad"). 

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