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Omar Bongo Ondimba s'est éteint après 41 ans au pouvoir

Considéré comme un pilier de la "Françafrique", le chef de l'État gabonais est mort lundi après-midi à Barcelone. L'homme fort de Libreville, à la tête du pays depuis 41 ans, se voulait le garant de la stabilité au Gabon. Et au-delà.

AFP - Doyen des chefs d'Etat africains, le président gabonais Omar Bongo, dont le décès à 73 ans a été annoncé officiellement lundi, était un "dinosaure" du continent, respecté pour sa sagesse et ses médiations, mais aussi critiqué pour ses liens ambigus avec la France et des soupçons de corruption.

A la tête de son pays depuis plus de 41 ans, Omar Bongo Ondimba était incontestablement une figure de la scène africaine et même de la scène internationale.

Il était une sorte de sage que l'on venait consulter et il n'était pas rare de croiser à Libreville des personnalités politiques de tous bords et de toutes nationalités, venues s'entretenir avec lui.

Omar Bongo jouait d'ailleurs souvent les médiateurs dans les crises africaines et a récemment été remercié pour son rôle dans le processus de paix en cours en Centrafrique. Il a aussi servi de médiateur pour les accords de paix au Congo-Brazzaville en 1999, qui ont permis de pacifier le pays en proie à la guerre civile. Il s'est également investi pour tenter de résoudre le conflit tchadien.

Au sein d'une Afrique agitée, il se voulait le garant de la stabilité et de la paix au Gabon.

Maître stratège en politique, un talent que lui reconnaissaient ses partisans comme ses détracteurs, il a su rester au pouvoir sous le régime du parti unique mais aussi après la restauration du multipartisme en 1990. "Le sens politique, c'est l'art de l'oubli", aimait-il à dire.

Né le 30 décembre 1935 dans une famille de paysans du pays batéké, dans le sud-est du pays, Albert-Bernard Bongo --il deviendra el-Hadj Omar Bongo après sa conversion à l'islam en 1973, puis ajoutera Ondimba, le nom de son père, à son patronyme en 2003-- a connu une ascension fulgurante.

Remarqué par le premier président du Gabon, Léon Mba, qui en fait son directeur de cabinet, il devient son vice-président en 1967 et lui succède la même année après le décès, le 28 novembre, de Léon Mba.

Omar Bongo instaure le régime du parti unique en 1968. Seul candidat, il est élu président en 1973, 1979 et 1986, avec des scores fleuve. En 1990, face à la fronde populaire, il autorise le multipartisme, mais conserve le pouvoir aux scrutins de 1998 et 2005.

Issu d'une ethnie très minoritaire, il dirige le pays sans tolérer d'opposition, prenant soin toutefois de répartir les responsabilités gouvernementales et administratives selon de subtils équilibres ethniques et régionaux.

Il sait également distribuer avantages et privilèges, pour rallier à son camp jusqu'à ses plus anciens et virulents contempteurs. L'opposition est aujourd'hui quasi inexistante et nombreux sont ses membres qui sont passés par le gouvernement.

Dans les années 70 et 80, l'or noir coule à flots, lui permettant de transformer son petit pays d'Afrique centrale en "émirat pétrolier", mais la corruption se généralise, selon de nombreux observateurs, et même selon le président qui avait critiqué en 2007 "le clientélisme, l'affairisme, la corruption, qui ont gangrené les pouvoirs publics"

Tout au long de la Ve République française, Omar Bongo a aussi été l'un des principaux relais de la "Françafrique" où s'entremêlaient raison d'Etat, lobbies et réseaux politico-affairistes. Son nom apparaît ainsi dans l'affaire Elf, symbole des dérives de la Françafrique.

Récemment, ses relations avec l'ancienne puissance coloniale se sont tendues en même temps que surgissaient des affaires.

Les médias français ont fait des révélations sur l'important patrimoine immobilier de sa famille alors que la justice française est actuellement saisie d'une plainte d'organisations non-gouvernementales qui accusent M. Bongo de posséder en France des biens immobiliers de luxe financés par de l'argent public détourné.

Fin février, ses comptes bancaires avaient été saisis dans le cadre d'une affaire privée l'opposant à un particulier français sur un différend de plus de 400.000 euros.