
Alors que des centaines de migrants ont tenté lundi de forcer la barrière frontalière entre la Grèce et la Macédoine, des policiers macédoniens ont tiré des gaz lacrymogènes contre eux.
De nouveaux incidents ont eu lieu lundi 29 février à la frontière gréco-macédonienne. Lorsque des centaines de migrants ont tenté de forcer la barrière frontalière, la police macédonienne a riposté en tirant des gaz lacrymogène contre ce groupe composé de 300 Irakiens et Syriens.
Selon l'ONG Médecins du monde (MDM) sur place, "au moins 30 personnes ont demandé à être soignées, dont de nombreux enfants".
Plus de 7 000 migrants et réfugiés sont toujours bloqués à ce poste grec d'Idomeni, après des restrictions imposées par plusieurs pays, dont la Macédoine, sur le nombre des personnes autorisées à entrer sur leurs territoires. Lundi à l'aube, 300 Irakiens et Syriens ont cependant pu traverser la frontière.
Selon MDM, le nombre actuel de migrants à Idoméni est quatre fois plus élevé que la capacité des deux camps installés près du poste-frontière et de nombreuses personnes doivent dormir dans les champs.
Abdaljalil, un Syrien de 22 ans, originaire d'Alep, se dit désespéré : "Personne ne nous explique pourquoi nous ne pouvons pas traverser. C'est très difficile ici, il n'y a ni place ni nourriture (...), et je ne peux pas rentrer à Alep".
De nouvelles restrictions
La Macédoine est le premier pays sur la route des Balkans empruntée par les migrants qui arrivent sur les îles grecques en provenance des côtes turques et qui veulent rejoindre les pays de l'Europe centrale et du Nord. Après l'Autriche, premier pays à avoir imposé des quotas, la Macédoine a décidé à son tour, tout comme la Croatie, la Slovénie et la Serbie la semaine dernière, de limiter le nombre de migrants autorisés sur son territoire.
Cette décision a provoqué des protestations d'Athènes qui a averti qu'entre 50 000 et 70 000 personnes risquaient d'être bloquées dans le pays en mars contre 22 000 actuellement.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a regretté dimanche la décision "unilatérale" de l'Autriche, prise avant une réunion ministérielle européenne jeudi dernier à Bruxelles. "Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de (la zone) Euro ont combattu jusqu'au bout pour que la Grèce reste dans l'Euro (...), pour qu'un an plus tard, au final, on laisse pour ainsi dire la Grèce plonger dans le chaos?", a-t-elle déclaré.
En réponse, la ministre de l'Intérieur autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, a expliqué que son pays n'avait "de leçon à recevoir de personne", tout en rappelant que c'est l'Allemagne qui, sans l'afficher, a commencé dès décembre à filtrer les migrants à sa frontière autrichienne.
Alors que les dissensions sont de plus en plus fortes au sein de l'UE, Mina Andreeva, porte-parole de la Commission européenne, a annoncé lundi qu'"un plan d'urgence [était] en train d'être élaboré pour aider la Grèce", ainsi que d'autres pays de l'Europe de l'ouest "afin de prévenir une éventuelle crise humanitaire". L'UE "utilise tous les instruments disponibles pour renforcer les capacités de réception, de relocalisation et de gestion du problème aux frontières", a-t-elle insisté.
À Athènes, une réunion extraordinaire était prévue lundi après-midi entre le ministère de l'Intérieur et l'Union des mairies du pays pour gérer le problème d'infrastructures d'accueil.
De leur côté, les autorités françaises ont commencé lundi à démanteler une partie du plus grand camp de migrants du pays, la "Jungle" de Calais, dans le nord de la France, où survivent entre 3 700 et 7 000 personnes, selon les sources.
Avec AFP