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Oscars "trop blancs", "Mustang", DiCaprio… tout ce qu’il faut savoir sur la 88e cérémonie

La polémique sur le manque de diversité aux Oscars va-t-elle enflammer la cérémonie ? Leonardo DiCaprio va-t-il enfin être sacré ? "Mustang" va-t-il faire gagner l’Hexagone ? France 24 vous dit tout sur les enjeux du grand raout hollywoodien 2016.

Quelque 40 millions de personnes sont attendues, ce dimanche 28 février, devant leur téléviseur, ordinateur ou tablette pour assister à la 88e cérémonie des Oscars. Avant le coup d’envoi qui sera donné cette nuit au Dolby Theatre, à Hollywood, France 24 fait le point sur les enjeux de cette grand-messe du cinéma américain.

• Les Oscars 2016 seront (un peu) politiques ou ne seront pas…

C’est sûrement le plus gros suspense de la soirée. Le maître de cérémonie Chris Rock va-t-il ruer dans les brancards sur le très sensible dossier de la diversité à Hollywood ? L’humoriste noir est en tous cas connu pour aborder la question raciale dans ses spectacles.

Signe annonciateur ? Vendredi, le comédien s’est emparé de la controverse en publiant sur son compte Twitter un écran brouillé en noir et blanc accompagné du mot-dièse "#blackout", jeu de mots signifiant à la fois "Les Noirs sont de sortie" et "Les Noirs sont absents".

See you Sunday... #blackout #oscars pic.twitter.com/ZIoG9XqGpl

— Chris Rock (@chrisrock) 26 février 2016

On voit mal, en tous cas, la polémique glissée sous le tapis rouge. Depuis plusieurs semaines, le landerneau hollywoodien est systématiquement invité à s’exprimer sur la question. Ce qui a parfois donné lieu à des propos fort malheureux et fort commentés (cf. Charlotte Rampling et le supposé "racisme anti-blanc" ; Julie Delpy et sa hiérarchisation des discriminations). Rappelons que le scandale est né de l’absence, pour la seconde année consécutive, d'acteurs et d’actrices noirs parmi les sélectionnés. En guise de protestation, les réalisateurs Spike Lee et Michael Moore ainsi que le couple d'acteurs Will Smith et Jada Pinkett Smith ont fait savoir qu’ils boycotteraient la cérémonie.

>> À voir sur France 24 : "Les Oscars sont-ils racistes ?"

D’autres brûlants sujets d’actualité devraient être abordés durant la soirée. Avec plus ou moins de fracas. Des stars comme Patricia Arquette, Steve Carell et Bryan Cranston arboreront ainsi un bracelet en hommage aux victimes des armes à feu aux États-Unis. L’improbable duo formé par le vice-président Joe Biden et la chanteuse Lady Gaga montera quant à lui sur scène pour sensibiliser au fléau des viols sur les campus.

• Non, Leonardo DiCaprio n’est pas le seul grand oublié de l’histoire des Oscars…

Le monde entier semble s’être mobilisé pour la cause. Ces derniers jours, pas un média - en Occident tout du moins - ne s’est pas inquiété du sort de Leonardo DiCaprio. Jamais oscarisé malgré quatre précédentes nominations, l’acteur essuiera-t-il l’affront d’une cinquième rebuffade devant la planète entière ?

Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, répétons que le comédien a donné de sa personne dans "The Revenant" d’Alejandro G. Iñarritu : traîné dans la boue et la neige, lacéré par les griffes d’un grizzly, emporté dans un torrent glacé et contraint de dormir dans un cheval mort… C’est entendu, un tel sens du sacrifice mérite un sacre. On n’ose imaginer ce qui pourrait se produire si les 6 261 votants de l’Académie boudaient une nouvelle fois Leo (émeutes, torrents de larme, foudre, invasion de sauterelles sur Hollywood Boulevard ?)

>> À lire sur France 24 : "'The Revenant', le chemin de croix de DiCaprio dans l’Amérique des pionniers"

Il est toutefois une injustice dont on parle moins mais qui pourrait être également réparée ce dimanche. Postulant au titre d’auteur de la "meilleure musique originale", Ennio Morricone pourrait lui aussi décrocher la première statuette non honorifique de sa carrière. Le génial compositeur des plus emblématiques westerns spaghettis ("Il était une fois dans l’Ouest", "Le Bon, la Brute et le Truand"...) n’a, à cette heure, reçu qu’un Oscar d’honneur, sorte de lot de consolation. La partition qu’il a écrite pour "Les Huit Salopards" de Quentin Tarantino le fera peut-être entrer dans l’histoire en tant que plus vieux lauréat. Il a 87 ans.

• Non, "The Revenant" n’est pas le seul film en course…

Grand gagnant de l’édition précédente avec "Birdman", Alejandro G. Iñarritu semble en passe d’opérer une seconde OPA sur la cérémonie. Le retentissement international provoqué par son western-crépusculaire-dans-la-neige "The Revenant" en ferait presque oublier les autres œuvres sélectionnées dans la catégorie reine du "meilleur film". Les votants seraient pourtant bien inspirés – c’est tout du moins notre avis – en préférant l’irrésistible "Mad Max : Fury Road" de George Miller qui avait électrisé la Croisette l’an passé. Ou "Spotlight", passionnante enquête mâtinée d’hommage au journalisme d’investigation.

>> À lire sur France 24 : "'Spotlight', le film paidoyer pour le journalisme d'investigation"

À noter qu’outre Iñarritu, d’autres habitués des Oscars sont en lice avec leur dernière livraison : Steven Spielberg et son "Pont des espions", Ridley Scott et son "Seul sur Mars". "The Big Short", satire financière signée Adam McKay, a pour sa part déjà remporté le Prix de la guilde des producteurs qui, depuis 2009, annonce systématiquement le vainqueur de la précieuse statuette…

La bande annonce du jour

• Le vrai revenant, c’est Sylvester Stallone….

Séquence émotion à prévoir. Quarante ans après avoir enfilé pour la première fois les gants de Rocky, Sylvester Stallone pourrait recevoir son premier Oscar grâce à "Creed", dans lequel il reprend le mythique rôle de boxeur. À 69 ans, la légende hollywoodienne du film d’action, souvent injustement moquée, amorcerait alors un come-back que l’industrie du cinéma américain affectionne tant.

Aussi méritée soit-elle, sa nomination dans la catégorie du "meilleur acteur dans un second rôle" n’est pas sans lien avec la polémique mentionnée plus haut sur les Oscars "trop blancs". Fait troublant, Stallone sera en effet le seul membre de l’équipe à représenter, dimanche soir, un film dont le réalisateur ainsi que la majorité du casting sont afro-américains…

• Oui, les chances françaises sont turques…

Fier comme un paon de se présenter aux yeux du monde comme un cinéma ouvert et cosmopolite, le septième art français sera représenté aux Oscars par un long-métrage en langue turque se passant en Turquie. Il faut dire que "Mustang" de Deniz Gamze Ergüven a plus d’un atout pour espérer remporter le titre du "meilleur film en langue étrangère" : une flopée de distinctions à travers le monde (un prix dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, quatre César, Golden Globes…), un scénario aux prises avec l’actualité (l’histoire de cinq sœurs séquestrées et mariées de force dans la Turquie d’aujourd’hui), une mise en scène soignée et un revigorant casting (les cinq jeunes actrices sont débordantes de vitalité).

Reste que la réalisatrice franco-turque ne se rend pas au Dolby Theatre avec le statut de favori. Grand Prix du dernier Festival de Cannes, "Le Fils de Saul" demeure le gagnant annoncé de la catégorie. Plongée dans l’horreur des camps d’extermination nazis, le film du Hongrois László Nemes a reçu un concert de louanges (mais aussi de reproches) pour sa réflexion sur la représentation de la Shoah au cinéma. Suspense donc.

Pour voir la liste complète de toutes les nominations de la 88e cérémonie des Oscars, c’est ici.