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L'extrême droite britannique remporte son premier siège

Le British National Party (BNP) est assuré d'envoyer deux députés au Parlement européen. C'est la première fois que la Grande-Bretagne élit un eurodéputé issu d'un parti d'extrême droite.

AFP - Après une déroute aux élections locales de jeudi, le Labour du Premier ministre britannique Gordon Brown a subi une nouvelle déconfiture aux européennes, profitant à l'extrême-droite qui remporte ses premiers eurodéputés.

Le parti travailliste est relégué dans une humiliante troisième position, avec 15% des voix seulement, soit un recul de huit points par rapport aux dernières européennes de 2004 (23%).

Les conservateurs ressortent comme prévu grands gagnants du scrutin, tenu jeudi au Royaume-Uni en même temps que les locales, avec 29%, devant le parti europhobe Ukip (17%), selon les résultats de 63 des 72 députés britanniques européens. Seuls restaient à être annoncés les sièges pour l'Ecosse et l'Irlande du Nord, qui seront officialisés plus tard dans la journée de lundi.

Les libéraux-démocrates sont à 14% et les Verts à 9%.

Aux européennes de 2004, le Labour avait recueilli 23% des suffrages, derrière les conservateurs (27%) mais devant le Ukip (16%).

Mais, au-delà de l'humiliation d'être relégué en troisième place, l'estocade est donnée au Labour par le BNP, formation d'extrême droite, qui envoie deux députés au Parlement européen. C'est la première fois que la Grande-Bretagne élit un eurodéputé issu d'un parti d'extrême droite.

Le BNP, qui promet notamment "des emplois britanniques pour des travailleurs britanniques", avait déjà remporté ses trois premiers sièges dans un conseil régional lors des élections locales.

Lors du dernier scrutin européen en 2004, le BNP avait obtenu 4,9% des voix au niveau national. Le British National Party recueille cette fois-ci 6,5%.

"Je considère ceci comme un premier pas vers la libération du Royaume-Uni et du peuple britannique de la dictature européenne", s'est félicité le nouvel eurodéputé du BNP, Andrew Brons, après son élection.

Le ministre travailliste de la Santé Andy Burnham a immédiatement regretté un "triste épisode pour la politique britannique".

Selon les politologues, la victoire de l'extrême droite ne devrait pas manquer de renforcer les appels à la démission de Gordon Brown, qui ne se sont pas tus malgré le remaniement ministériel annoncé vendredi.

Des députés travaillistes font circuler une pétition, promettant de réunir les 70 signatures nécessaires pour déclencher l'élection d'un nouveau leader au sein du Labour. La "révolte des paysans", comme l'appelle la presse, promet de s'amplifier lundi: les frondeurs devraient profiter d'une intervention du Premier ministre dans la soirée, devant le groupe parlementaire du Labour, pour l'appeler directement à démissionner.

"Si les députés travaillistes et Gordon Brown ne comprennent pas le message envoyé par ces résultats, nous sommes finis... C'est clair: il faut un changement radical de direction politique", a commenté un député Labour, John McDonnell.

"Jugement dernier", titre lundi en Une le Guardian, quotidien proche des travaillistes, qui consacre une pleine page à l'appel de Lord Falconer, ancien ministre des Finances et figure emblématique du Labour. "Peut-on avoir un parti uni sous l'actuelle direction? Je ne suis pas sur qu'on le puisse", déclare-t-il.

"La carrière politique de Gordon Brown est sous assistance respiratoire", estime le Daily Telegraph, qui croit savoir que les rebelles ont recueilli "jusqu'à 80 noms".

M. Brown a cependant redit haut et fort dimanche son intention de rester au pouvoir. "Qu'est-ce que les gens penseraient de nous si on les abandonnait à une période où ils ont besoin de nous", a-t-il demandé lors d'une réunion de militants travaillistes dans l'est de Londres.