Les commerçants en Iran se sont vu interdire la vente d’objets pour la Saint-Valentin, une fête très populaire dans la République islamique, mais perçue par les autorités islamiques comme un symbole de la "décadence occidentale".
Soyons honnêtes : pour de nombreux de couples en France, s’échanger une boîte de chocolat ou une rose pour la Saint-Valentin est un peu passé de mode. En Iran, c’est au contraire un acte de rébellion. Comme l’année dernière, les autorités de Téhéran ont interdit la vente de cartes ou cadeaux relatifs à la Saint-Valentin pour "lutter contre la diffusion de la culture décadente occidentale".
"Les cafés de Téhéran doivent empêcher le rassemblement des filles et des garçons échangeant de peluches, fleurs et chocolats", est-il inscrit dans une directive, publiée sur des sites iraniens et distribuée aux commerçants vendredi. Et si cela arrive, "le propriétaire du lieu fautif en supportera les conséquences".
Les conservateurs contre les "mentalités"
Ces mesures ne sont pas nouvelles. Le régime conservateur iranien lutte contre l'influence de la culture occidentale sur sa jeunesse depuis les années 80. Sous le mandat de Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013), les conservateurs étaient allés jusqu’à interdire l’utilisation de la couleur rouge dans les boutiques durant les jours précédents la Saint-Valentin ou encore à obliger les cafés à fermer plus tôt. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hassan Rohani, en août 2013, les directives étaient devenues un peu moins restrictives mais toujours présentes.
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Les jeunes ne semblent pourtant pas très enclins à se plier à cette règle. "Quasiment toutes les personnes que je connais offrent un cadeau à la personne qu’elles aiment. Quand vous avez des millions d’Iraniens qui ont envie d’acheter un cadeau pour faire plaisir à leur Valentin ou leur Valentine, c’est impossible de stopper ça [...] Les mentalités des Iraniens sont différentes de ce que voudraient les autorités", confiait l'année dernière aux Observateurs de France 24 un journaliste iranien sous le sceau de l'anonymat.
La Saint-Valentin est en effet devenue une fête populaire en Iran au cours de la dernière décennie et les jeunes gens ont pris l’habitude de s'échanger des présents ce jour-là. Chaque année avant le 14 février, les boutiques des grandes villes se parent des décorations de circonstance et les restaurants de Téhéran affichent complets.
"Une fête inutile et obscène" au Pakistan
Même mal, même réponse en Indonésie, en Arabie saoudite ou au Pakistan, où le président Mamnoon Hussain a appelé la jeunesse à ne pas célébrer la fête. "La Saint-Valentin n'a pas de lien avec notre culture et elle doit être évitée", a déclaré le Mamnoon Hussain à des étudiants vendredi soir.
À Peshawar, l'assemblée locale a voté à l'unanimité une résolution interdisant cette fête, symbole des "valeurs et de la culture occidentales". "Il n'y a pas de place dans notre culture et notre civilisation pour un jour aussi inutile et obscène, dont le but est de répandre la vulgarité et l'indécence au sein de notre jeunesse", est-il encore écrit.
La Saint-Valentin doit son origine au martyre de Valentin de Terni, en l'an 269. Ce moine de Rome célébrait des mariages clandestins de chrétiens, alors que l'empereur Claude II avait imposé une période d’interdiction de mariage des soldats romains. Un rebelle de son temps qui célébrait l’amour envers et contre tout, comme le font aujourd'hui les jeunesses iraniennes, pakistanaises ou saoudiennes...Voilà de quoi déringardiser la Saint-Valentin.