![Remaniement gouvernemental : déception à gauche, gausseries à droite Remaniement gouvernemental : déception à gauche, gausseries à droite](/data/posts/2022/07/21/1658384281_Remaniement-gouvernemental-deception-a-gauche-gausseries-a-droite.jpg)
Sans surprise, le remaniement ministériel a suscité une cascade de réactions dans la classe politique française. Si la droite a dénoncé un exécutif de bricolage, une partie des Verts a critiqué l'entrée de trois écologistes au gouvernement.
À 15 mois de la nouvelle échéance présidentielle, François Hollande a tenu, jeudi 11 février sur TF1, à défendre la "cohérence" de son remaniement gouvernemental. Au comble de son impopularité, l’exercice était difficile. Le chef de l'État a rappelé que l'entrée d'Emmanuelle Cosse, ex-patronne d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), au ministère du Logement, n'avait rien d'un "marchandage", et que le retour de Jean-Marc Ayrault, à la tête de la diplomatie française n'avait rien d'une "marche arrière" - pour reprendre les mots d'Alain Juppé. Le président a également réaffirmé que les grands axes de sa politique (chômage, sécurité, environnement) malgré la non-inversion de la courbe du chômage et la polémique autour de la déchéance de la nationalité, étaient sa priorité.
L’exercice n’a pas convaincu une grande partie de la classe politique française. Beaucoup, à droite comme à gauche, ont jugé "catastrophique" ce remodelage ministériel. C’est le cas de François Bayrou (MoDem), qui s’était aliéné la droite pour avoir appelé à voter François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012. Il a dénoncé un remaniement "catastrophique", tel "un gâteau dont on distribue les miettes".
"Auberge espagnole"
Sans surprise, le groupe Les Républicains (LR) n’a pas non plus manqué l’occasion de discréditer le chef de l’État. À propos de l’entrée des Verts au gouvernement, d’une part - une "auberge espagnole", selon l’ancien ministre Luc Chatel et conseiller de Nicolas Sarkozy -, et à propos du dossier sensible de Notre-Dame-des-Landes, d'autre part.
Le président a annoncé jeudi qu’il allait organiser un référendum local autour du projet d’aéroport, près de Nantes. Pour Bruno Retailleau (LR), cette annonce est "caractéristique" de Hollande. "Alors que toutes les procédures ont été scrupuleusement respectées et que la justice s'est prononcée favorablement sur le transfert de l'aéroport, à travers plus de 150 décisions, le président de la République renonce à décider."
"Aucune annonce concrète"
Pour l'UDI, c'est surtout le manque de propositions pour lutter contre le non-emploi qui fait railler. "Il n'a formulé aucune annonce concrète et forte sur le plan de l'emploi, alors même que la lutte contre le chômage est censée être la condition sine qua non de la réussite de son quinquennat et de son avenir", a déclaré Philippe Vigier, le président du groupe à l'Assemblée nationale.
Pour l'extrême droite, qui a déjà dressé le bilan de ce quinquennat, la gouvernance du chef de l'État, comme celle de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, a été un "échec total", selon les mots de Marine Le Pen.
La "trahison" d'Emmanuelle Cosse
À la gauche de l'échiquier politique, les avis ne sont pas tendres non plus. Si les plus fidèles, à l'image de Jean-Christophe Cambadélis, patron du PS, salue un "gouvernement arc-en-ciel", du côté des Verts, on s'attelle plutôt au jeu des règlements de comptes. Beaucoup digèrent mal la venue de trois écologistes dans le nouveau gouvernement : Emmanuelle Cosse (au Logement), Jean-Vincent Placé (secrétaire d'État chargé de la Réforme de l'État) et Barbara Pompili (secrétaire d'État à la Biodiversité).
Karima Delli, députée européenne EELV, fulmine : "Il va sans dire que, pour beaucoup d’écologistes convaincus, ce pari d'influer de l'intérieur relève de la pure utopie à l'heure où la ligne politique du gouvernement n'a jamais été aussi éloignée des valeurs écologistes", a-t-elle déclaré dans un communiqué. Pour Pierre Serne, conseiller régional EELV et "ami personnel" de la nouvelle ministre du Logement, Emmanuelle Cosse se "renie". Pour David Cormand, son successeur à la tête du parti écologiste, elle a "trahi" son camp.
Dans les rangs de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, sans se départir de son ironie, s'est posé en "frère" des militants écologistes déçus. "Courage ! Le pays a besoin de vous, les combats continuent."
Avec AFP