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Le BEA se penche sur les capteurs de vitesse, deux corps repêchés

Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de l'enquête, relève qu'Airbus connaissait des dysfonctionnements sur les détecteurs de vitesse de ses A330 avant la catastrophe, jugeant toutefois qu'il serait prématuré d'y voir une cause.

Reuters - Airbus avait décelé des dysfonctionnements sur les détecteurs de vitesse de ses avions A330 avant la catastrophe du vol AF 447 le 1er juin et invité ses clients à les changer, a révélé samedi le Bureau d'enquêtes et d'analyses chargé de l'enquête.

Dans un communiqué, Air France a précisé dans la soirée qu'un programme de remplacement de ces sondes anémométriques avait été lancé le 27 avril dernier sur toute la flotte A330/340 de la compagnie.

Mais le directeur du BEA, Paul-Louis Arslanian, a estimé qu'il était prématuré de voir dans ces défauts de fonctionnement la cause de la chute dans l'Atlantique de l'A330 qui reliait Rio de Janeiro à Paris avec 228 personnes à bord.

"Il existe des programmes de remplacement et d'amélioration des détecteurs de vitesse" pour les Airbus A330 mais "cela ne veut pas dire que sans ces remplacements, l'avion serait défectueux", a-t-il déclaré lors d'un point de presse.

Airbus a confirmé avoir invité la cinquantaine de compagnies aériennes qui possèdent des A330 à changer ces capteurs, appelés sondes Pitot. Mais selon l'avionneur il ne s'agit que d'une mesure optionnelle visant à améliorer la performance, et non d'un impératif de sécurité.

"Il y a des améliorations et modifications continuelles à apporter à tous les avions," a expliqué Stefan Schaffrath, porte-parole d'Airbus.

Deux corps retrouvés

Dans son communiqué, Air France explique que des défauts de fonctionnement des sondes Pitot sur des Airbus A320 avaient amené le constructeur à édicter en septembre 2007 une recommandation de changer les sondes.

Cette recommandation "a été appliquée par Air France sur les A320 où de tels incidents par ingestion d'eau avaient été observés. Elle n'a pas été appliquée sur ses A340/330 en l'absence d'incidents constatés", a précisé la compagnie.

"A partir de mai 2008, Air France observe des incidents de pertes d'information anémométrique en vol en croisière sur A340 et A330. Ces événements sont analysés avec Airbus comme découlant d'un givrage des sondes, la panne disparaissant au bout de quelques minutes", a-t-elle poursuivi.

"Air France demande une solution pour réduire ou faire disparaître l'apparition de ces incidents. En réponse, le constructeur indique que le modèle recommandé sur A320 n'est pas conçu pour prévenir les incidents survenus en croisière."

"Au premier trimestre 2009, des essais font cependant apparaître que la nouvelle sonde pourrait apporter une amélioration significative au problème de givrage en haute altitude par rapport à la sonde précédente."

"Pour le vérifier, Airbus propose une expérimentation en vol, en situation réelle. Sans attendre cette expérimentation, Air France décide alors de changer toutes les sondes de sa flotte A330/340 et le programme a été lancé le 27 avril 2009."

Airbus avait rappelé jeudi aux pilotes les procédures à suivre en cas de dysfonctionnement des capteurs de vitesse.

"Il y avait des problèmes qui ont été détectés et nous les étudions"," a indiqué Paul-Louis Arslanian.

L'A330-200 d'Air France semble avoir rencontré une succession rapide d'incidents techniques après être entré dans une zone de fortes turbulences au-dessus de l'Atlantique.

Les équipes de recherche ont retrouvé deux corps de sexe masculin et plusieurs débris au nord-ouest des côtes brésiliennes, a annoncé samedi l'armée de l'air brésilienne.

24 messages d’alerte

Le BEA a établi que l'appareil avait envoyé 24 messages de panne automatiques entre 02h10 et 02h14 GMT avant de disparaître. L'un d'eux montrait des indications incohérentes des capteurs de vitesse.

Les enquêteurs espèrent récupérer les "boîtes noires" de l'avion pour obtenir davantage d'informations mais craignent de ne jamais les retrouver.

"Voici ce que nous cherchons au milieu de l'océan Atlantique," a déclaré le patron du BEA en tenant la petite balise, de forme cylindrique, qui est attachée aux enregistreurs de vol et conçue pour émettre des signaux pendant 30 jours.

"Nous n'avons absolument pas aujourd'hui la garantie que la balise des boîtes noires soit toujours attachée aux enregistreurs, elle peut s'être détachée," a dit Paul-Louis Arslanian.

Pour localiser les "boîtes noires", qui peuvent reposer à une profondeur comprise entre 864 et 4.000 mètres, la France va envoyer sur zone un sous-marin à propulsion nucléaire doté d'équipements sonar ultraperfectionnés.

Lors du point de presse, Météo France a confirmé que l'avion avait traversé une zone orageuse mais sans que ces conditions aient un caractère exceptionnel.

Rien n'indique qu'il ait rencontré sur son trajet "un amas orageux d'une intensité exceptionnelle» pour un mois de juin, a déclaré Alain Ratier, directeur général adjoint de Météo France.