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Primaires américaines : "Trump est en train de faire éclater le Parti républicain"

Donald Trump, qui brigue l'investiture républicaine, et le sénateur démocrate Bernie Sanders ont chacun remporté une victoire sans appel lors des primaires organisées dans le New Hampshire. Coup d'éclat ou réel engouement? Décryptage.

Les primaires américaines s'emballent. Le milliardaire Donald Trump a enregistré, mardi, une victoire écrasante lors des primaires républicaines dans l'État du New Hampshire. Et ce, en distançant significativement ses rivaux, sans qu’aucun de ces derniers ne puisse se détacher.

Côté démocrate, le sénateur du Vermont Bernie Sanders a infligé une cuisante défaite à sa rivale Hillary Clinton, avec 20 points d’avance. Reste à savoir si ces deux trouble-fête, qui se veulent des candidats "anti-establishement" et qui se nourrissent de la colère de l'électorat vis-à-vis de Washington, réussiront enchaîner les victoires.

Pour comprendre ces résultats, France 24 a interrogé Jean-Éric Branaa, professeur à l’université Paris-II, spécialiste en droit et en politique américains, auteur de "Qui veut la peau du Parti républicain ? L’incroyable Donald Trump" (Éditions de Passy).
 

France 24 : Défait dans l'Iowa mais plébiscité dans le New Hampshire, la cote de Donald Trump semble être remontée en flèche après son échec initial.

Jean-Éric Branaa : Donald Trump a été enterré un peu rapidement après sa deuxième place obtenue dans l’Iowa. On avait un peu oublié qu’il s’agissait de sa première élection et l’on était dans un État au vote un peu particulier, avec un public protestant-évangélique. Avec cette victoire éclatante dans le New Hampshire, la suite s’annonce favorable. En effet, les sondages sont incroyables pour lui dans les deux prochains États, puisqu’il atteint actuellement près des 50 % d’intentions de vote en Caroline du Sud, puis dans le Nevada. Donald Trump est en train de faire exploser le Parti républicain, qui se trouve désormais dans une situation intenable. Le résultat d’hier est extraordinaire, puisque les candidats de l’establishment, dont Ted Cruz, Marco Rubio, Jeb Bush et John Kasich, font 50 %, et les autres, ceux plus radicaux, font 50 %, cela n’était jamais arrivé auparavant. Rendez-vous compte que les quatre candidats de l’establishment sont en train de s’entre-dévorer dans une campagne qui empêche n’importe lequel d’entre eux de pouvoir émerger. Ils ont chacun obtenu entre 10 et 16 % mardi soir. Ils sont dans une lutte à mort, ce qui n’est bon pour aucun d’entre eux, ni pour le parti lui-même.

Côté démocrate, comment analysez-vous la nette victoire de Bernie Sanders ? Est-il parti pour durer ?

Cette question aurait été posée il y a trois mois, je vous aurais répondu que ce n’était pas très sérieux... Que s’il pouvait déjà remporter une victoire quelque part, cela serait extraordinaire pour lui. Le fait est que personne n’a vu arriver cet homme de 74 ans, fils d’émigrés juifs polonais, aux cheveux hirsutes, qui parle de révolution et de socialisme. Des mots que l’on entend jamais dans une campagne présidentielle américaine. J’aurai plus misé sur Trump et le côté clownesque qu’on lui donne, mais pourtant les résultats parlent pour Bernie Sanders.

La situation se corse pour Hillary Clinton, pourtant donnée grandissime favorite côté démocrate.

Hier soir, 84 % des femmes ont voté pour Bernie Sanders, alors que sa rivale est la représente féminine par excellence et qu’elle a une campagne basée sur les femmes. Hillary Clinton a été battue à plates coutures, avec 20 points d'écart, alors soit elle change son logiciel de campagne très vite, soit effectivement Sanders ira très très loin. Et ce, même si les deux prochaines joutes démocrates auront lieu le 20 février dans le Nevada et une semaine plus tard en Caroline du Sud, deux États qui lui sont, heureusement pour elle, beaucoup plus favorables.