logo

Les tribus amazoniennes s'opposent aux groupes miniers, 18 morts

Au moins 18 policiers et membres des tribus amazoniennes ont été tués lors d'affrontements en marge d'une manifestation. Des milliers d'Amérindiens s'opposent à l'octroi de concessions aux compagnies minières dans la forêt tropicale.

AFP - Onze policiers et au moins sept civils sont morts vendredi dans des affrontements dans le nord du Pérou, dont le point de départ a été une opération pour dégager une route bloquée depuis 10 jours par des centaines d'indiens en colère, selon un nouveau bilan qui reste confus.

Lors d'une conférence de presse conjointe tard vendredi à Lima, le Premier ministre Yehude Simon et la ministre de l'Intérieur Mercedes Cabanillas ont annoncé que 11 policiers avaient été tués ainsi que trois "Indiens", mais d'autres sources ont fait état d'un bilan de morts civils bien plus élevé.

M. Simon et Mme Cabanillas ont également fait état de 108 blessés civils et de cinq policiers grièvement blessés.

Le Premier ministre a aussi révélé que 38 policiers qui gardaient une station de pompage de pétrole étaient pris en otages par plusieurs milliers d'Indiens dans une région rurale de Bagua.

"Sur les 11 policiers tués, cinq ont été pris dans une embuscade et tués à coup de lances, tandis que quatre autres sont morts lors de la reprise du contrôle de la route et les deux derniers ont été tués dans des affrontements", a déclaré M. Simon.

Le procureur de la région, Olga Bobadilla, avait fait état de cinq morts civils sur la route en question et un médecin de deux autres tués par balle dans la localité voisine de Bagua (1.000 km au nord de Lima), entrée en ébullition après l'opération de police.

En réaction, le ministre des Affaires étrangères José Garcia Belaunde a annoncé à l'AFP la mise en place du "couvre-feu à Bagua et dans plusieurs localités des environs".

Plus de 400 policiers avaient été mobilisés pour déloger les quelque 2.500 indiens originaires de la forêt amazonienne qui avaient dressé un barrage avec des pierres et des troncs d'arbres.

Les agents des forces de l'ordre ont été "attaqués à l'arme à feu par les habitants qui bloquent le passage des véhicules", avait également indiqué plus tôt le directeur général de la police, Jose Sanchez Farfan, interrogé par la radio CPN.

Cette opération a provoqué l'ire des habitants de Bagua et de Bagua Grande, qui ont mis le feu à des bâtiments publics, tenté d'entrer de force dans le commissariat et commis des pillages. Des coups de feu ont été entendus.

"Nous sommes en train de défendre notre commissariat. La foule veut attaquer le commissariat et s'en prend à d'autres bâtiments. Nous attendons des renforts", avait déclaré plus tôt à l'AFP un policier sous couvert de l'anonymat.

Le président Alan Garcia a justifié l'opération de police en estimant qu'il était temps de rétablir l'ordre et la sécurité.

"Le gouvernement a agi avec beaucoup de sérénité et de sang-froid, mais quand certains disent qu'ils vont bloquer et couper les gazoducs, ce qui priverait tous les Péruviens d'électricité, que peut faire le gouvernement, si ce n'est agir énergiquement pour rétablir l'ordre?", a-t-il demandé.

Le 30 mai, une cinquantaine d'Indiens formulant les mêmes revendications que ceux de Bagua avaient fermé la valve d'un gazoduc dans le sud-est du pays.

Le dirigeant du mouvement de contestation indigène, Alberto Pizango, a dénoncé "un massacre commis par le gouvernement, dans le cadre d'un plan de cession des ressources naturelles aux entreprises étrangères qui inclut la privatisation de nos terres".

"Le président Alan Garcia est un génocidaire", a ajouté le président de l'Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne (Aidesep) dans une conférence avec la presse étrangère à Lima.

Les actions de ce type - blocages de routes, d'oléoducs, de fleuves - sont régulièrement organisées depuis le 9 avril dans le nord-est du pays. Les communautés amazoniennes exigent l'abrogation de décrets-lois adoptés en 2007-08, trop laxistes sur l'exploitation du sous-sol selon eux.

En riposte, l'Etat a décrété un état d'urgence local dans certains districts, mais a ouvert le dialogue avec le principal dirigeant indigène.