Calais, où campent 4 000 réfugiés désireux de passer au Royaume-Uni, a connu un week-end de tension, après le blocage du port de la ville et l'intrusion d'une cinquantaine de migrants sur un ferry.
Calais, dans le Pas-de-Calais a connu un week-end de tension sans précédent. Dans un bidonville de la périphérie de la ville, surnommé la "jungle", campent toujours 4 000 réfugiés désireux de gagner l'Angleterre. Les commerçants ont manifesté dimanche 24 janvier en présence de la maire au lendemain d'une nouvelle action spectaculaire de migrants qui sont parvenus à monter sur un ferry dans le port. Au total, 15 personnes ont été placées en gardes à vue. Huit de ces manifestants, six migrants et deux militants altermondialistes de l'association No Borders, seront jugés lundi en comparution immédiate.
Dans ce contexte crispé, la maire de Calais Natacha Bouchart et Xavier Bertrand, président de la région, membre comme elle du parti d'opposition Les Républicains, seront reçus le 3 février à Paris par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, accompagné de la garde des Sceaux Christiane Taubira.
Sans mot d'ordre politique, quelque 2 000 personnes ont défilé dans le calme pour "soutenir les emplois" dans les rues de la ville, régulièrement théâtre d'incidents, en relation avec le campement de migrants. Ce rassemblement était prévu avant les incidents de samedi, qui ont sans doute contribué à lui donner une ampleur inattendue. À l'origine du défilé, le collectif des entreprises et commerçants du Calaisis, qui regroupe une centaine d'acteurs économiques locaux, a réitéré sa demande formulée mi-décembre sur la mise en place d'un moratoire sur les taxes des commerçants en raison d'"une forte baisse de l'activité" due à la crise migratoire.
La maire de Calais parmi les manifestants
Dans les premiers rangs avait pris place la maire de Calais Natacha Bouchart, qui s'était jusqu'ici tenue à l'écart de toute manifestation de rue et avait même appelé les Calaisiens à faire de même. Après l'intrusion de migrants sur le port samedi, elle avait à nouveau donné de la voix, demandant "solennellement au président Hollande de venir sur place à Calais pour régler les problèmes liés au camp".
Après des prises de parole sur la place d'Armes, où une "Marseillaise" a été entonnée, le cortège des commerçants a défilé dans le centre-ville pendant près de deux heures derrière une grande bannière "Mon port est beau, ma ville est belle - soutenir notre ville, notre port, nos commerces et nos emplois".
Des dockers du port de Calais ont allumé plusieurs fumigènes au milieu d'un important dispositif des forces de l'ordre, qui ont été à plusieurs fois applaudis par les manifestants scandant : "Merci ! Merci !". Depuis leur balcon, les Calaisiens étaient nombreux à soutenir les manifestants.
Cazeneuve déterminé "à assurer l'ordre public à Calais"
Samedi après-midi, une autre marche avait également réuni 2 000 personnes, organisée cette fois par des collectifs de soutien aux migrants, et quelques personnalités, dont l'eurodéputée EELV Karima Delli et Philippe Poutou (NPA).
C'est après le défilé que 350 personnes, selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, se sont introduites dans l'enceinte du port. Après avoir forcé un barrage, une cinquantaine avait pu s'infiltrer pour monter à bord du ferry "Spirit of Britain", en provenance de Douvres et stationné dans le port. La maire de Calais, Natacha Bouchart, a déploré sur son compte Twitter que les manifestants se soient livrés à des "débordements sérieux", taguant notamment une statue du général De Gaulle.
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a réaffirmé dimanche la "détermination totale du gouvernement à assurer l'ordre public à Calais", après cet événement exceptionnel, qui a débouché sur
Avec AFP