Une plateforme de financement participatif et une start-up toulousaine s’attaquent à un problème de poids en Afrique : l’accès à l’eau potable. Ils espèrent lever suffisamment de fonds pour offrir une solution pérenne à 100 000 personnes.
Le but est ambitieux… et c’est un euphémisme. La plateforme de crowdfunding itsaboutmyafrica.com a lancé, mercredi 20 janvier, sa propre campagne de financement participatif pour offrir de l’eau potable à 100 millions des 300 millions d’Africains qui n’y ont pas accès d’après les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le responsable de ce jeune site (fondé au printemps 2015), Thomas Kacou, rêverait de lever un milliard d’euros en 40 jours pour y arriver. Un objectif difficilement réalisable et surtout, illégal : la loi française interdit de lever plus d’un million d’euros grâce au financement participatif. "Le milliard d'euros est un chiffre symbolique qui ne correspond pas à ce que nous voulons lever grâce à cette campagne", reconnaît-il. "Nous espérons récolter un million d'euros et compléter ensuite grâce à des partenariats financiers", encore à trouver, explique-t-il au “Figaro”.
Eau pure et panneau solaire
Avec cet argent, itsaboutmyafrica.com promet d’offrir une solution pérenne d’accès à l’eau potable à 100 000 personnes dans les “pays prioritaires” que sont le Tchad, Madagascar, le Niger, le Kenya, le Nigeria, le Cameroun, le Mali, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Cette solution pérenne doit prendre la forme d’une valise contenant un dispositif portable de purification de l’eau, développé par la start-up toulousaine Sunwaterlife. La solution, appelée Aqualink, “filtre l’eau douce et permet d’enlever tous les virus et les bactéries qui s’y trouvent et qui propagent des maladies comme le choléra”, promet Christophe Campéri-Ginestet, co-fondateur de la jeune pousse du Sud-Ouest, contacté par France 24.
La société a mis au point Aqualink l’an dernier, quelques mois avant d’être contactée par itsaboutmyafrica.com. “Thomas Kacou voulait faire quelque chose de grand et il s’est aperçu que notre solution était bien adaptée à son projet”, raconte Christophe Campéri-Ginestet.
Leur système de purification d’eau se démarque, en effet, des produits similaires grâce à son panneau solaire intégré. Il lui permet d’être autonome et de fonctionner sans avoir besoin d’être branché au courant dans des zones souvent mal desservies en électricité. Christophe Campéri-Ginestet, qui travaillait déjà dans le secteur de l’énergie solaire en Afrique avant de tomber dans l’eau, a pensé sa “valise” en fonction des spécificités locales. “Elle est très résistante puisqu’elle est conforme aux normes de l’Otan, elle n’est pas trop lourde [environ 20 kilos] et elle est très facile d’utilisation”, souligne-t-il. Ce dernier point est important pour lui, car dans certains pays africains ce sont souvent les enfants qui “sont de corvée d'eau et doivent donc pouvoir s’en servir sans problème”.
Pari fou
Sunwaterlife a déjà des partenaires dans plusieurs pays africains qui font d’ailleurs partie des cibles prioritaires de l’opération d’itsaboutmyafrica.com. “Nous avons déjà vendu des systèmes de purification d’eau à Madagascar, au Niger ou encore au Sénégal”, explique l’entrepreneur qui a aussi des clients en dehors de l’Afrique, notamment au Népal et à Haïti.
Pour le pari fou d’itsaboutmyafrica.com, la start-up toulousaine a accepté de rogner ses marges sur les ventes des Aqualink. “Il est mis à disposition pour moins cher que le prix public [entre 3 000 et 6 000 euros, en fonction des options, NDLR]”, assure Christophe Campéri-Ginestet qui ne veut pas, cependant, préciser quel est le montant de la ristourne accordée.
Certes, le responsable de Sunwaterlife a accepté de participer à l’aventure pour des raisons éthiques, mais il peut aussi espérer en tirer une certaine exposition médiatique et compenser grâce au volume des “valises” fournies. Si le plan se déroule sans accrocs, itsaboutmyafrica.com devrait avoir de quoi déployer des Aqualink pour 100 000 personnes. Ce qui pose un autre problème : la jeune entreprise toulousaine est-elle capable de faire face à une telle demande ? “Nous n’avons pas un million d’euros de valises prêtes”, reconnaît Christophe Campéri-Ginestet. Mais il assure pouvoir les déployer “en temps voulu”.