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François Hollande a jugé mercredi "tout à fait probable" la prolongation de l'état d'urgence, mis en place après les attentats du 13 novembre et qui doit normalement expirer le 26 février. L'Élysée pendra une décision "dans les prochains jours".

Bis repetita ? La prolongation de l’état d’urgence, mis en place après les attentats du 13 novembre, est "tout à fait probable" pour le président François Hollande, cité par le président de l’Assemblée Claude Bartolone. L’exécutif prendra sa décision "dans les prochains jours" concernant cette question épineuse, approuvée par les Français mais contestée par les défenseurs de droits de l’Homme.

Votée à l’unanimité à l’Assemblée, la première prolongation de l'état d'urgence pour trois mois, au-delà des 12 jours initiaux, devait normalement expirer le 26 février. Lors de ce premier débat, la droite avait plaidé pour une durée plus longue, six mois, alors que certains écologistes l'auraient souhaitée limitée à deux mois.

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"Tout sera évalué" par l'exécutif avant une nouvelle et éventuelle prolongation, a assuré mercredi le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, évoquant "une menace terroriste toujours à un niveau exceptionnellement élevé". Selon un proche du chef de l'État, François Hollande a "l'obsession" du risque d'un autre attentat.

Une question qui divise

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s'est montré ouvert à une telle prolongation. "On doit la sécurité aux Français. Imaginez qu'il y ait un attentat dans 15 jours et qu'on ait levé l'état d'urgence ! Qu'est-ce qu'on nous dirait ?", a -t-il lancé mercredi sur BFM TV. "Si le gouvernement le décide, c'est qu'il a des éléments pour le décider", a-t-il ajouté.

À droite, Valérie Pécresse, présidente Les Républicains en Ile-de-France, a jugé mercredi cette prolongation "souhaitable, en tous cas le temps qu'on stabilise les réponses durables que nous allons donner à la menace terroriste".

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Estimant que l'état d'urgence n'était plus justifié et portait "une atteinte grave et manifeste aux libertés publiques", la Ligue des droits de l'Homme a en revanche saisi le Conseil d'État pour tenter d'y mettre fin. Cinq rapporteurs de l'ONU chargés des droits de l'Homme ont par ailleurs recommandé mardi à la France de ne pas prolonger l'état d'urgence, estimant qu'il imposait des "restrictions excessives et disproportionnées sur les libertés fondamentales".

En attendant la réforme pénale

L'état d'urgence renforce les pouvoirs de la police, permet les assignations à résidence, les perquisitions administratives de jour comme de nuit ou l'interdiction de rassemblements. Pour certains, la prolongation s'impose, le temps qu'entre en vigueur la réforme pénale voulue par l'exécutif pour renforcer les pouvoirs d'enquête de la justice en matière de terrorisme, un texte qui devrait être présenté fin janvier en Conseil des ministres.

Ce texte doit notamment autoriser, tout comme l'état d'urgence, les perquisitions de nuit dans les affaires terroristes. Mais une source proche de l'exécutif l'assure : la décision sera prise "en fonction de l'évaluation de la menace terroriste et non en fonction de l'adoption de la future loi de réforme pénale".

Avec AFP