
Un policier a été tué mercredi lors d'une manifestation de chômeurs à Feriana, au sud de Kasserine. Depuis plusieurs jours, des centaines de Tunisiens en colère protestent contre la misère sociale dans cette région défavorisée du centre du pays.
Un policier a été tué mercredi 20 janvier en Tunisie après avoir été attaqué par des manifestants à Feriana, dans le centre-ouest du pays, a annoncé le ministère de l’Intérieur.
La ville de Feriana, située au sud de Kasserine, est en proie à une importante contestation sociale qui s’est cristallisée samedi à la suite de la mort d’un jeune chômeur, Ridha Yahyaoui, électrocuté après être monté sur un poteau pour protester contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.
Pour tenter de calmer les esprits, un couvre-feu a été décrété mardi, à Kasserine, et élargi ensuite à Feriana et Thala. Une mesure que le ministère de l'Intérieur a justifié par la nécessité de "protéger les vies", d'éviter toute "escalade" mais aussi d'empêcher "les éléments terroristes d'essayer d'exploiter cette situation". Mais les manifestants sont restés dans les rues, défiant la police.
"Nous ne pouvons pas arranger les choses d'un coup de baguette magique"
Le gouvernement a annoncé le recrutement de 6 000 jeunes sans-emploi à Kasserine et le lancement de projets de construction dans la région, l’une des plus défavorisées du pays. "Nous ne pouvons pas arranger les choses à Kasserine d’un coup de baguette magique mais des investissements publics vont être bientôt lancés là-bas", a déclaré Khaled Chaouket, porte-parole du gouvernement tunisien.
Cinq ans après la révolution contre la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali, née de l'immolation du vendeur ambulant Mohamed Bouazizi à Sidi Bouzid, l'exclusion sociale et les disparités régionales persistent. "Nous avons averti que la situation sociale allait exploser. Les gens ont attendu […] mais le gouvernement n'a pas de vision, pas de programme pour les régions intérieures", a dit à l'AFP Abderrahman Hedhili, président de l'ONG Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
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Le président Béji Caïd Essebsi a reconnu, mercredi, que "le gouvernement actuel avait hérité d'une situation très difficile" avec "700 000 chômeurs et parmi eux 250 000 jeunes qui ont des diplômes". "Mais vous devez en convenir, ni en Tunisie, ni en Europe, ni en Amérique, on ne peut résoudre des situations comme ça par des déclarations ou par un coup de pouce. Il faut [laisser] du temps au temps", a-t-il indiqué.
Le taux de chômage en Tunisie a atteint 15,3 % de la population active à la fin 2015, contre 12 % en 2010. Les attentats islamistes qui ont frappé le pays l’an dernier ont pesé sur l’économie, en particulier sur le secteur touristique.
Avec AFP