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Attentats au Burkina Faso : incertitudes autour du nombre d’assaillants

Nombre d'assaillants incertain, bilans fluctuants, critiques sur la réaction des forces de sécurité burkinabè... De nombreuses zones d’ombre persistent sur l'attentat terroriste perpétré à Ouagadougou le 15 janvier, et qui a fait au moins 30 morts.

• Le nombre d'assaillants reste un mystère

Le Premier ministre français, Manuel Valls, a affirmé, mardi 19 janvier, que "six individus avaient ouvert le feu" contre un hôtel et un restaurant de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, vendredi. Toujours selon le chef du gouvernement, sur "les six agresseurs, trois ont été tués et trois sont encore recherchés". De nombreux témoins interrogés par l'AFP déclarent également qu'il y avait 4, 5 ou 6 assaillants dont une ou deux femmes.

Jusqu’à présent, pourtant, les autorités burkinabè ne faisaient état que de trois assaillants, tous tués. "L’enquête se poursuit […] Pour ce qui est des déclarations du Premier ministre français, il a certainement ses sources", a simplement déclaré Rémi Dandjinou, le ministre burkinabè de la Communication, à l’antenne de France 24.

Concernant d'éventuelles complicités - probables, selon plusieurs témoignages - une source sécuritaire a parlé d'une possible "cellule dormante" à Ouagadougou.

Selon une autre source proche du dossier, les jihadistes ont aussi changé de tenue pendant l'attaque, portant parfois des vestes ou des turbans.

#BurkinaFaso les 3 photos originales des assaillants d'#AQMI utilisées ds le com d'AlAndalous pic.twitter.com/Q5ZZplu2yL

— Wassim Nasr (@SimNasr) 18 Janvier 2016

Bilans divergents

Mardi, le bilan burkinabè était de 30 morts en comptant la photographe franco-marocaine Leila Alaoui, décédée lundi soir.

Le Quai d'Orsay annonçait déjà ce bilan lundi en fin de matinée. Selon une source proche de l'enquête, cette différence pourrait être due à la mort d'une victime dont le corps n'a pas été récupéré sur les lieux.

Par ailleurs, les bilans des nationalités ont changé à plusieurs reprises selon les différentes autorités burkinabè ayant communiqué sur le sujet.

Mardi, le ministre des Affaires étrangères, Alpha Barry, avait donné le bilan suivant : 9 Burkinabè, 6 Canadiens, 4 Ukraniens, 2 Suisses, 2 Français, une Franco-Ukrainienne, une Franco-Marocaine, 1 Américain, 1 Néerlandais, 1 Libyen, 1 Portugais.

Il a ajouté qu'il restait 5 corps non-identifiés, ce qui ferait un total supérieur à 30. Il a toutefois précisé: "C'est parfois lié à la bi-nationalité des victimes qui peuvent être comptabilisées deux fois".

Le bilan des blessés est de 70.

• Cibles des jihadistes

Alors qu'on a cru que la cible principale était l'hôtel Splendid et qu'il a concentré l'essentiel de l'attention médiatique et même des forces de sécurité pendant l'attaque, le bilan montre que c'est le café-restaurant Cappuccino qui a été le théâtre le plus sanglant.

Vingt-six des 30 personnes tuées l'ont été au Cappuccino, selon une source proche de l'enquête. Les jihadistes ont ensuite attaqué l'hôtel Splendid. Les forces de sécurité n'ont finalement trouvé aucun assaillant dans l'hôtel lors de l'assaut final.

Il ne s'agissait donc pas, comme le Radisson Blu à Bamako, en novembre, de viser un hôtel mais plutôt la zone fréquentée par la communauté occidentale.

• Forces étrangères

Les Forces spéciales françaises, stationnées de manière permanente à Kamboinsin, dans le centre du pays, ont participé activement à l'assaut. De source diplomatique française, elles sont intervenues à la demande du Burkina et ce sont elles qui ont mené l'essentiel de l'assaut et tué les trois jihadistes.

Mais de source militaire burkinabè, ce sont bien leurs propres forces de sécurité qui, malgré le manque de matériel et de coordination, ont tué les trois assaillants. Elles ont également sauvé des otages en évacuant les blessés alors que les jihadistes mitraillaient encore.

Des rescapés du Splendid affirment aussi avoir été sauvés par des Américains. Selon une source proche du dossier, une dizaine de soldats outre-Atlantique sont intervenus.

Avec AFP