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Jugé pour la mort d’un braqueur, un policier acquitté aux assises de Bobigny

Un policier de 36 ans, jugé pour avoir tué d'une balle dans le dos un malfaiteur armé, a été acquitté vendredi par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis sous les hurlements de manifestants qui ont crié : "Pas de justice, pas de paix".

Un policier de 36 ans, jugé pour avoir tué d'une balle dans le dos un malfaiteur armé, a été acquitté vendredi 15 janvier par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis.

La cour a estimé que Damien Saboundjian avait agi en état de légitime défense et qu'il n'était donc pas responsable pénalement de la mort d'Amine Bentounsi, tué d'une balle dans le dos lors d'une course-poursuite dans les rues de Noisy-le-Sec, le 21 avril 2012.

Le fonctionnaire devait répondre de "violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner", des faits passibles de 20 ans de réclusion car commis, circonstance aggravante, par une personne dépositaire de l'autorité publique.

"La police tue et la justice acquitte"

Écartant la légitime défense invoquée par le policier, l'avocat général avait requis cinq ans de prison avec sursis et une interdiction définitive d'exercer. Damien Saboundjian avait toujours affirmé qu'Amine Bentounsi l'ayant "braqué", il n'avait eu d'autre choix que de riposter pour défendre sa vie.

Le représentant du parquet, reprenant une formule-choc souvent employée par Amal Bentounsi, la sœur aînée de la victime et fondatrice du collectif "Urgence notre police assassine", avait appelé la cour à ne pas délivrer un "permis de tuer" à la police en acquittant l'accusé.

À l'annonce du verdict, prononcé après six heures de délibération, les cris de "la police tue et la justice acquitte" ont retenti dans la salle d'audience archicomble dans laquelle un impressionnant dispositif de sécurité avait été déployé pour protéger l'accusé. Des manifestants ont crié : "Pas de justice, pas de paix".

"Monter la population contre la police"

"Il était démontré que Damien Saboundjian avait menti, que son collègue avait menti. Je suis écœuré", a déclaré Michel Konitz, l'avocat de la famille Bentounsi.

"Ce genre de décision ne peut que monter la population contre la police, elle montre qu'il y a des personnes qui ont le droit de tuer en dehors de la légitime défense", a ajouté le conseil, qui espère que le parquet fera appel.

Du côté de la défense, Me Daniel Merchat, qui avait obtenu en mai l'acquittement des deux policiers impliqués dans la mort de Zyed et Bouna, s'est dit "très heureux" du jugement.

Le procès s'est tenu en plein débat sur l'opportunité d'assouplir la légitime défense pour les policiers, confrontés à la menace jihadiste et qui bénéficient d'un fort regain de popularité depuis un an. Un projet de loi prévoit d'assouplir les règles d'engagement armé des policiers.

Avec AFP

Tags: France, Justice, Police,