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Le général Aoun et le Hezbollah visent la majorité au Parlement

Pour s’assurer une majorité au Parlement à l'issue des législatives du 7 juin, le Hezbollah chiite compte sur une victoire significative du parti du général Aoun dans les circonscriptions chrétiennes où se jouera le sort du scrutin.

Alliés improbables il y a encore peu, le Hezbollah et le Courant patriotique libre (CPL) du général chrétien Michel Aoun misent tout sur les législatives du 7 juin pour renverser l'actuelle majorité anti-syrienne. Mais de la victoire de l’un dépendra le succès de l’autre... et inversement.

Grâce au découpage électoral du pays, le parti de Hassan Nasrallah est certes assuré de rafler la grande majorité des suffrages chiites dans ses bastions de la Bekaa, du Sud Liban et de la banlieue sud de Beyrouth.

Mais pour s’assurer la majorité des 128 sièges du Parlement, il doit impérativement compter sur une victoire significative du parti aouniste, son allié, dans les circonscriptions chrétiennes où se jouera le sort du scrutin.

Or, aujourd'hui encore, le rapprochement entre ces deux formations ne cesse d'étonner : avant le retour d’exil du général Aoun, en 2005, l'idée même d'un tel attelage paraissait ô combien farfelue, tant les projets des deux camps étaient diamétralement opposés.

Créé et soutenu par Téhéran, le Hezbollah a toujours été, de fait, l’allié local de la Syrie, par où transite son armement en provenance de la République islamique d’Iran. À l'inverse, Michel Aoun, lui, a bâti son statut de premier patriote libanais en combattant justement l’hégémonie syrienne au Pays du Cèdre.

Née de leur opposition respective à la majorité actuelle, scellée par une rencontre entre Aoun et Nasrallah en février 2006, l'impensable alliance est pourtant devenue réalité. Et, pour la première fois, est soumise aux électeurs. Reste à voir si ces derniers approuveront un changement de cap aussi radical...

Un test pour le général Aoun

En s’alliant au camp prosyrien et au Hezbollah, le général Aoun a effectivement pris le risque de dérouter une partie de son électorat. Sa visite en Syrie, fin 2008, a notamment constitué un retournement de veste que ses anciens supporters ont toujours du mal à accepter.

Aux législatives de 2005, le général Aoun avait confortablement remporté la majorité des voix chrétiennes. Aujourd'hui, plusieurs sondages lui promettent toujours la victoire, mais ils la prédisent courte. Elle ne garantirait alors qu’une majorité étriquée à l’actuelle opposition.

Les rivaux chrétiens du CPL, comme les Kataëb de la famille Gemayel, force politique antérieure à l’avènement du général, ou les Forces libanaises de Samir Geagea, parti honni par le Hezbollah, comptent sur leurs propres partisans pour rafler la mise, mais aussi sur les suffrages des électeurs chrétiens indécis et apolitiques.

Ces derniers pourraient en effet faire payer au général Aoun son soutien au Hezbollah, accusé d'avoir déclenché la guerre de juillet 2006 avec Israël puis d'avoir réalisé un coup de force sur les quartiers sunnites de Beyrouth en mai 2008. Ces deux évènements, mal vécus par de nombreux Libanais, ont amené nombre d'entre eux à en conclure que le Hezbollah prenait les armes pour satisfaire son propre agenda plutôt que celui de l’État...