
envoyé spécial à Cologne – Onze jours après les violences et agressions sexuelles qui ont choqué l’Allemagne lors de la nuit du réveillon du Nouvel an, l’ambiance reste pesante à la gare centrale de Cologne où se sont déroulés les faits.
Cologne semble toujours aux abois, 11 jours après les incidents tragiques de la nuit du réveillon du Nouvel An. La ville allemande ne se s'est pas encore remise de la vague de violences qui a frappé la nuit de la Saint-Sylvestre. Plus de 550 plaintes ont été déposées dont 45 % concernent des agressions sexuelles, a précisé la police lundi 11 janvier.
À la gare centrale, où se sont déroulés les faits, un passant pressé pourrait pourtant croire que le train-train quotidien a repris ses droits. Les voyageurs circulent et les employés municipaux ont commencé à enlever les décorations de Noël, comme si la ville était pressée de faire disparaître les signes les plus visibles d’une fin d’année 2015 marquée par une nuit de chaos.
Sourires crispés
Mais ici, l’atmosphère reste pesante. La police est omniprésente et le sourire des commerçants se crispe dès que le sujet des événements du 31 décembre est évoqué. Un petit signe de la main ou un regard qui se détourne : il n’y aura pas de commentaire. Une vendeuse ajoute, comme pour se justifier, “pour l’instant toute presse est mauvaise presse”.
Les faits sont cependant têtus pour les habitants de Cologne qui voudraient passer à autre chose. Les informations de la fin de semaine dernière indiquant qu’une partie des agresseurs avait “un parcours de migrants” ont relancé le très sensible débat sur la politique d’accueil des réfugiés en Allemagne. Dimanche soir, “des militants d’extrême-droite, des hooligangs et des ‘rockeurs’” ont attaqué des ressortissants étrangers aux environs de la gare centrale, a confirmé la police de Cologne, lundi.
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Au moins six Pakistanais et un Syrien ont dû être emmenés à l’hôpital après avoir été brutalisés par “un groupe d’environ 20 personnes”, ont précisé les autorités. Les agresseurs se sont coordonnés sur les réseaux sociaux pour organiser leurs méfaits, a expliqué Norbert Wagner, le chef de la police criminelle de Cologne qui estime que “c’est un signal très alarmant”.
"Si on avait voulu faire du mal, on serait restés en Syrie"
Alors contre toute attente, des migrants se mobilisent. Certains d'entre eux, qui ont élu domicile à Cologne, ont aussi voulu expliquer qu’il fallait se garder de faire des amalgames. Lundi, une dizaine de Syriens se sont réunis au pied de la cathédrale de la ville, face à la gare centrale, pour distribuer des tracts condamnant les agressions du 31 décembre et répondre aux questions des passants.
Mohamed, un jeune étudiant de 26 ans en informatique qui a fui Homs il y a dix mois, raconte que ses amis allemands lui déconseillent actuellement de sortir seul le soir à Cologne. Il s’y refuse et précise “qu’il est prêt à expliquer à tous ceux qui pourraient l’interpeller que l’écrasante majorité des Syriens sont venus en Allemagne pour refaire leur vie et que si on avait voulu se battre ou faire du mal aux autres on serait restés en Syrie”. Une rare note d’optimisme.