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La "conversion" sécuritaire de François Hollande

Dans la revue de presse ce vendredi, les réactions de la presse au projet de loi antiterroriste, le parquet antiterroriste saisi après l'attaque contre un commissariat du 18e arrondissement et les "vérités" de Platini, qui annonce dans L'Équipe qu'il ne sera pas candidat à la présidence de la Fifa.

Libération revient sur le discours de François Hollande jeudi. Le président présentait le projet de loi antiterroriste, qui donne notamment plus de pouvoir aux policiers. En une, le quotidien de gauche a choisi une photo montrant le chef de l'État au premier plan, Manuel Valls au second. "Premiers flics de France", titre Libé, qui souligne ainsi que ce rôle est aujourd’hui avant tout assuré par le président et le Premier ministre, et plus uniquement par le ministre de l’Intérieur. 

Il faut y voir le signe du tournant sécuritaire qu'a pris le quinquennat de François Hollande. Libération analyse cette évolution en rappelant que François Hollande n’appréciait pas du tout les questions de sécurité lorsqu’il était Premier secrétaire du Parti socialiste, préférant déléguer ces sujets, à François Rebsamen, puis Jean-Yves Le Drian et Manuel Valls. Mais, rattrapé par l’actualité, au fil des "années tragiques, également marquées par la poussée du Front national, l’idée émerge que la prochaine présidentielle se jouera sur les questions de sécurité". D'où l'évolution du discours tenu par le chef de l'État.

Dans un édito, Libération critique cette conversion sécuritaire : "Nos libertés doivent être garanties. La lutte contre ceux qui veulent les attaquer ne saurait justifier de les amoindrir". Cette phrase, souligne Laurent Joffrin, a été prononcée jeudi par François Hollande lui-même. Le directeur de la rédaction de Libération regrette que les dernières mesures présentées par le président, que ce soit la déchéance de nationalité pour les terroristes binationaux ou les moyens supplémentaires donnés aux policiers et aux gendarmes, affranchis du contrôle judiciaire, aillent à l’encontre de ce principe. Et il le regrette.

L’Humanité va plus loin dans la critique. Pour le journal communiste, les dernières mesures antiterroristes dénaturent la République. Pour Paule Masson, l’année 2015 aura balafré cette République de toute part : "L'ordre contre la démocratie, la police contre la justice, l’état d’urgence contre la liberté, le rejet de l’autre contre la fraternité".

Le Figaro a évidemment un point de vue radicalement opposé. Une fois n’est pas coutume, le journal de droite prend la défense de François Hollande contre les critiques d’une partie de la gauche. Pour Yves Thréard, ces "révoltés de la gauche", comme il les surnomme, se trompent de siècle. "La France n’est pas menacée par les bruits de bottes d’une dictature d’un autre siècle, mais bien par la haine de ceux qui tuent aux cris de Allah Akbar", comme le prouve d’ailleurs, selon lui, la nouvelle attaque survenue jeudi devant un commissariat du 18e arrondissement de Paris et dont une photo est publiée en une du quotidien.

Le Parisien-Aujourd’hui en France revient largement sur cette attaque. "Le terrorisme frappe de nouveau le jour du souvenir", du souvenir de l’attentat contre Charlie Hebdo, résume Le Parisien en titre de sa double page. Le quotidien donne la parole aux deux policiers qui ont neutralisé l’assaillant. "On a reculé, reculé et après plusieurs sommations, on a dû faire feu." L’homme venait de s’attaquer à eux armé d’un hachoir et d’un engin explosif factice en criant "Allah Akbar", expliquent les deux fonctionnaires.

Pour Le Parisien, cette attaque est "l’exemple même d’un terrorisme low cost, théorisé par l’organisation de l’État islamique". Commis par un homme non fiché par les services de renseignement, il était malheureusement imprévisible. Pessimiste, le quotidien cite un psychologue qui estime que ces actes isolés risquent de se poursuivre.

Le Parisien-Aujourd'hui en France s’intéresse également à un autre événement : les 20 ans de la mort de François Mitterrand. "Rappelez-vous Mitterrand", titre le journal, qui résume en huit étapes le parcours du seul président de la Ve République ayant accompli deux septennats. Sont évoqués la rue de Bièvre, dans le 5e arrondissement de Paris, où il a habité avec son épouse Danielle, la ferme de Latché, sa maison de vacances dans les Landes, le restaurant Le Divellec, où ce passionné de cuisine se rendait régulièrement pour manger des huîtres, ou encore sa tombe à Jarnac, en Charente, où François Hollande est attendu ce vendredi pour lui rendre hommage.

Un hommage que le Figaro juge "intéressé". Le journal de droite rappelle que le président se rendra pour la première fois de son quinquennat à Jarnac (sa dernière visite remonte à la campagne présidentielle). Et qu’en réalité, il n’a jamais été très proche de François Mitterrand. Mais ce qui semble intéresser le locataire de l’Élysée, à un peu plus d’un an de la présidentielle, c’est le côté stratège du premier président socialiste de la Ve République.

Pour Le Figaro, "Hollande se met clairement dans les pas de son prédécesseur ; sa manière d’exalter la patrie, de se placer au-dessus de la mêlée, de prendre son propre camp à rebrousse-poil, comme sur la déchéance de nationalité". Et François Hollande va probablement continuer d’exploiter la mémoire de Mitterrand, poursuit le journal, puisque le chef de l’État célébrera le 100e anniversaire de la naissance de Mitterrand en octobre. On relèvera que Libération, de son côté, ne consacre pas une ligne à ce 20e anniversaire de la mort de Mitterrand.

Un mot de sport pour conclure cette revue de presse, avec l'interview exclusive de Michel Platini dans L’Équipe. Et cette phrase choc : "Non, je ne me présenterai pas à la présidence de la Fifa. Je retire ma candidature". Dans ce long entretien, Michel Platini livre "ses vérités". "Je n'en peux plus, je n'ai plus le temps, ni les moyens d’aller voir les électeurs, de rencontrer des gens, de me battre avec les autres", explique le patron de l'UEFA, qui préfère se consacrer à sa défense.

Michel Platini se dit innocent et accuse Sepp Blatter, l'actuel président de la Fifa, d’avoir voulu sa peau. "Il disait souvent que je serai son dernier scalp, mais il est tombé en même temps que moi", explique Michel Platini.