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La panique boursière chinoise menace l’équilibre financier mondial

Les Bourses mondiales ont baissé, jeudi, dans le sillage des places chinoises, faisant craindre une nouvelle crise financière mondiale. Mais cette contagion résulte d’une incompréhension des spécificités de la Bourse chinoise.

Pour la deuxième fois en une semaine, les Bourses chinoises ont dû être fermées à cause d’un vent de panique des investisseurs, jeudi 7 janvier. La dégringolade des indices chinois s’est rapidement propagée aux autres places financières mondiales, ce qui a poussé le célèbre investisseur George Soros à assurer qu'il existait un risque de crise financière similaire à 2008.

Le scénario d’une contagion au reste du monde semble crédible aussi à Jean-François Dufour, directeur du cabinet de conseil DCA Chine-Analyse. “Paradoxalement, la situation actuelle pose un risque endémique pour la finance internationale, alors qu’elle ne représente aucun danger particulier pour l’économie chinoise”, affirme à France 24 cet expert.

Les Bourses chinoises pas comme les autres

Si les Bourses du monde entier répercutent la panique boursière chinoise, c'est parce que les investisseurs pensent que “le phénomène est le reflet des difficultés de l’économie du pays, alors que ce n’est pas le cas”, précise Jean-François Dufour. L’erreur consiste, d’après lui, à prendre la place financière chinoise pour une bourse comme les autres. Dans le reste du monde, les baisses sont la conséquence d’un doute des investisseurs sur la bonne santé des entreprises qui y sont cotées ou de l’économie en général.

En Chine, ces variations boursières proviennent plutôt du fait que les marchés financiers nationaux suivent le chemin de leur consœurs occidentales en s’émancipant peu à peu de la tutelle étatique, ce qui ne plait pas à une partie des investisseurs locaux. Jusqu’à récemment la Bourse était considérée comme “un investissement pépère car elle était très contrôlée par l’État et il n’y avait pas beaucoup de fluctuation”, rappelle Jean-François Dufour. Pékin a décidé, depuis deux ans, de libéraliser les places financières nationales et, en parallèle, d’inciter les investisseurs privés à y mettre de l’argent pour que les grands fonds institutionnels publics, comme les banques, ne soient pas les seuls à participer au jeu boursier.

La fin du mirage des petits épargnants

Les autorités espéraient que cette évolution se ferait en douceur et progressivement… mais elles se sont trompées. Le régime n’avait pas anticipé qu’au même moment, un autre changement majeur allait survenir : le ralentissement du marché de l’immobilier, secteur traditionnel d’investissement pour les petits épargnants. La pierre ne rapportant plus autant qu’auparavant, ils sont nombreux à avoir succombé en même temps, en 2013, aux sirènes de la Bourse, en pensant que ce secteur allait rapporter gros et que leurs placements ne risquaient rien. “Ils se rendent compte aujourd’hui que ce n’est pas le cas et veulent se retirer de la Bourse”, souligne Jean-François Dufour.

C’est ce dur retour aux réalités du marché des petits épargnants qui explique en grande partie la panique actuelle sur les places financières de Shanghai et Shenzen et non pas les problèmes, pourtant bien réels, qui traverse l’économie chinoise. Les tensions boursières trouvent leur origine en grande partie dans la méconnaissance des spécificités des marchés chinois. Une grosse méprise, pour résumer, pourrait ainsi finir en crise financière aussi grave qu'en 2008. “Ce serait absurde”, reconnaît Jean-François Dufour. Absurde mais pas impossible.