L'Allemagne est sous le choc après les agressions sexuelles du Nouvel An à Cologne, commises par des "jeunes apparemment d'origine arabe". Les opposants à la chancelière Merkel tentent de faire le lien avec sa politique en faveur des réfugiés.
Une centaine d'agressions sexuelles commises contre des femmes durant la nuit du Nouvel An à Cologne, en Allemagne, a provoqué un vif émoi, mardi 5 janvier, dans le pays.
Ces agressions sont attribuées à des groupes de 20 à 30 jeunes hommes ivres qui ont encerclé leurs victimes au milieu de plusieurs centaines de personnes qui s'étaient rassemblées autour de la cathédrale et de la gare centrale de Cologne. La police a également signalé une dizaine de plaintes à Hambourg, dans le nord du pays.
Au total, 90 plaintes ont été déposées et selon le chef de la police de Cologne, Wolfgang Albers, "d'autres devraient suivre". Les plaintes visent des faits allant du harcèlement à au moins un viol en passant par des dizaines d'autres agressions sexuelles et des vols.
"Un groupe d'une dizaine, vingtaine, trentaine de jeunes hommes étrangers s'en est pris à nous", a raconté une victime sur le plateau de la chaîne d'information en continu N-TV. "Ils se sont mis à nous agresser, nous prenant l'entre-jambe, touchant nos décolletés, sous les manteaux", a-t-elle expliqué, ajoutant que "seules les femmes" étaient visées.
Mardi en début de soirée, entre 2 et 300 personnes (selon la police) se sont symboliquement rassemblées devant la cathédrale de Cologne pour appeler à plus de respect envers les femmes.
"Madame Merkel, que faites-vous ? Ça fait peur", s'interrogeait sur une pancarte une des manifestantes.
itDes "jeunes apparemment d'origine arabe"
Selon le chef de la police Wolfgang Albers, les policiers intervenus ce soir-là font état "dans leur très large majorité de jeunes hommes, âgés de 18 à 35 ans, apparemment d'origine arabe ou nord-africaine", un constat corroboré par les descriptions des victimes.
Sans attendre, plusieurs personnalités politiques ont commencé à utiliser l'événement. Après ces incidents, "Est-ce que l'Allemagne est suffisamment ouverte sur le monde et multicolore pour vous, Madame Merkel ?" a lancé, provocatrice, Frauke Petry, la patronne du parti populiste Alternative für Deutschland (AfD) qui progresse dans les sondages.
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Au sein même de la coalition gouvernementale, les conservateurs bavarois de la CSU, qui tempêtent depuis des mois contre la politique favorable aux réfugiés de la chancelière, ont trouvé aussi matière à alimenter leurs griefs.
"Si des demandeurs d'asile ou des réfugiés se livrent à de telles agressions [...] cela doit conduire à la fin immédiate de leur séjour en Allemagne", a lancé Andreas Scheuer, secrétaire général du parti, qui recevra mercredi Mme Merkel en Bavière lors d'une réunion prévue de longue date.
Pour l'heure, la police n'a fait état d'aucune arrestation spécifiquement liée aux incidents.
"Aucun indice montrant qu'il puisse s'agir de réfugiés"
La maire de Cologne Henriette Reker a à son tour réagi, jugeant ce rapprochement entre réfugiés et agresseurs "inadmissible". "Nous n'avons aucun indice montrant qu'il puisse s'agir de réfugiés séjournant à Cologne" ou dans les environs, a-t-elle déclaré.
Le ministre de la Justice Heiko Maas a lui aussi mis en garde contre toute "instrumentalisation" de ces agressions dans un pays où l'afflux de réfugiés a parfois suscité de vives tensions ces derniers mois.
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Son homologue de l'Intérieur a abondé contre "la suspicion généralisée" à l'égard des immigrés mais demandé aussi qu'il n'y ait "pas de tabou" s'il devait se confirmer que les auteurs sont d'origine étrangère.
Un renforcement des effectifs des forces de l'ordre ainsi que de la vidéo-surveillance a été annoncé par le président de la police de Cologne qui se prépare à accueillir du 4 au 10 février des centaines de milliers de fêtards pour le carnaval, l'événement emblématique de cette ville.
Avec AFP