Le principal suspect de l'agression de quatre militaires à Valence a été mis en examen dimanche "pour tentatives d'homicide sur personnes dépositaires de l'autorité publique". Le procureur a annoncé que la piste terroriste avait été écartée.
L’homme qui a lancé son véhicule contre des militaires postés devant la mosquée de Valence (Drôme) a été mis en examen dimanche 3 janvier "pour tentatives d'homicide sur personnes dépositaires de l'autorité publique", a indiqué le parquet.
Un mandat de dépôt a été requis à son encontre, a précisé le procureur de la République de Valence, Alex Perrin. "Le juge d'instruction s'est déplacé à l'hôpital pour la mise en examen car le forcené est toujours hospitalisé", a-t-il précisé.
Le magistrat avait déclaré lors d'une conférence de presse samedi que l'homme avait agi seul et ne semblait pas avoir de liens avec des réseaux jihadistes.
"Ni arme ni document en relation avec une éventuelle appartenance à un radicalisme religieux ou à des mouvances terroristes" n'ont été retrouvés dans son véhicule, avait ajouté le procureur.
Images de propagande jihadiste
Plus tard dans la soirée, Alex Perrin avait toutefois indiqué que des "images de propagande jihadiste" avaient été retrouvées sur l'ordinateur du forcené, confirmant ainsi une information du Dauphiné Libéré. "Ce sont des images qui peuvent être tout à fait trouvées par n'importe qui sur internet", avait-il déclaré à l'AFP sans préciser s'il s'agissait de propagande de l'organisation de l'État Islamique.
Le matériel informatique du forcené a été saisi par les enquêteurs lors d'une perquisition à son domicile à Bron, aux portes de Lyon.
Vendredi après-midi, aux abords de la mosquée de Valence, commune du sud-est de la France, entre deux offices, un homme de 29 ans a foncé en voiture sur quatre militaires chargés de surveiller l’édifice religieux. Les soldats ont ouvert le feu lors du second assaut de l'automobiliste.
Sérieusement blessé à une jambe et un bras, l’homme a été opéré vendredi soir et son audition ne faisait que commencer samedi au moment de la conférence de presse du procureur en début d'après-midi. Sa garde à vue doit être prolongée, a annoncé Alex Perrin.
"Tuer des militaires parce que les militaires tuent des gens"
Bien qu’aucun élément ne permette de relier l’homme à un réseau quel qu’il soit, le procureur de Valence a évoqué "un lien avec une certaine religiosité" car l’homme aurait proféré "Allah est grand" au moment des faits.
"Lorsqu'il a été pris en charge par les services de secours, il a tenu des propos assez confus indiquant tantôt qu'il souhaitait tuer des militaires parce que les militaires tuaient des gens [...] et, d'autre part, qu'il souhaitait se faire tuer par des militaires", a encore indiqué Alex Perrin.
"Sans lien particulier avec une mouvance islamique"
Le procureur pense que le jeune homme a agi "en solitaire et sans lien particulier avec une mouvance" islamique. C'est "un musulman pratiquant, mais pas radical", qui "fréquentait la mosquée de Bron et occasionnellement la mosquée de Valence", où vit sa belle-famille.
Il "n'est pas signalé pour des appartenances à des groupes radicaux ou religieux". L'examen de son passeport n'a pas fait apparaître de voyages ailleurs qu'en Tunisie.
La justice s'interroge sur sa "santé mentale", mais l'homme n'aurait pas fait de séjour en établissement psychiatrique.
Acte prémédité ?
Une information judiciaire pour "tentative d'homicide sur personnes dépositaires de l'autorité publique" sera ouverte dimanche à Valence.
"On s'interroge pour savoir si c'est un acte prémédité", auquel cas l'information serait requalifiée en "tentative d'assassinat", a précisé le magistrat.
Selon Nicolas Daragon, le maire de Valence, une vingtaine de militaires sont déployés en permanence à Valence, où ils patrouillent entre les lieux de culte et les bâtiments des institutions locales dans le cadre de l'opération Sentinelle.
Avec AFP et Reuters