logo

Espagne : des élections législatives teintées d'incertitudes

Le scrutin législatif de dimanche en Espagne s'annonce très incertain pour les quatre formations en lice. Le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste (PSOE) doivent faire face à la montée de deux nouveaux venus, Podemos et Ciudadanos.

Un grand suspense couronne les élections législatives de dimanche 20 décembre en Espagne. Les grandes formations traditionnelles, le Parti populaire (PP) et le Parti socialiste (PSOE) doivent faire face à la montée de deux nouveaux venus, Podemos et Ciudadanos. Les quatre principaux candidats à la présidence du gouvernement en Espagne, tous des hommes, ont harangué les foules jusqu’à la fin de la campagne, confiants dans leurs chances.

  • Mariano Rajoy et le Parti populaire (PP, droite)

Les sondages donnent le Parti populaire (PP, droite) du président du gouvernement Mariano Rajoy en tête, sans qu'il n'obtienne toutefois la majorité absolue. Mercredi, Mariano Rajoy a évoqué une possible alliance avec d'autres formations pour assurer la stabilité politique pendant les quatre années de la prochaine législature, mais les principaux partis de l'opposition excluent de participer à une coalition avec le PP.

En 2011, Mariano Rajoy, alors âgé de 56 ans et déjà deux fois candidat, avait infligé à son adversaire Alfredo Perez Rubalcaba la pire défaite électorale du Parti socialiste après trois ans d'une crise qui laissait 5 millions de chômeurs dans son sillage. Mais en 2015, rien n'est gagné. Le PP, qui avec 45 % des suffrages s'était assuré une confortable majorité de 186 sièges sur 350 au Parlement, pourrait ne pas dépasser les 30 % et être contraint de gouverner en minorité.

Pour tenter de perdre son image distante, le Premier ministre âgé de 60 ans, a par ailleurs parcouru 12 000 km et visité 19 provinces. L'homme qui a aussi fait campagne sur son "sérieux", cherche les voix des électeurs de sa génération, soit les 10,9 millions d'électeurs âgés de plus de 60 ans.

  • Pedro Sanchez et le PSOE (Parti socialiste ouvrier espagnol)

Les socialistes du PSOE devraient arriver en deuxième position, devant Podemos et Ciudadanos, qui se disputent la troisième place dans l'espoir de devenir des "faiseurs de roi".

À 43 ans, le socialiste Pedro Sanchez voudrait marcher sur les pas de son référent, l'ex-président du gouvernement socialiste, Felipe Gonzalez (1982-96). Surnommé "Pedro el guapo" ("le beau gosse"), ce professeur d'économie madrilène ne s'est fait connaître du grand public qu'il y a deux ans. Premier dirigeant socialiste élu lors de primaires, ex-conseiller municipal à Madrid, il est déjà député au Congrès où il a souvent attaqué la gestion de M. Rajoy.

Se revendiquant social-démocrate, il promet "un revenu minimum vital pour les familles sans ressources", et rétablir les droits selon lui bafoués par la droite : droits des salariés, droit à la santé, droits des immigrés, des femmes, droit de manifester.

  • Albert Rivera, chef du parti de centre-droit Ciudadanos (parti citoyen)

La formation d’Albert Rivera, 36 ans, est la préférée des jeunes cadres pour sa promesse de réformes en profondeur de l'Éducation et d'un contrat de travail unique, gommant les différences entre contrats définitifs et précaires. Son parti a fait une percée spectaculaire en dénonçant la corruption et les tentations indépendantistes.

"Il ne reste plus que 48 heures pour entamer une nouvelle étape politique en Espagne !", s'est enthousiasmé le jeune avocat, devant plus d'un millier de partisans rassemblés sur une place dans le cœur historique de Madrid, entre les terrasses par une nuit très tiède pour la fin décembre.

Ancien conseiller juridique d'une banque, ce Barcelonais se consacre entièrement à la politique depuis huit ans. Orateur télégénique et féru de réseaux sociaux, il a siégé au parlement régional de Catalogne entre 2006 (à 27 ans) et 2015.

  • Pablo Iglesias, parti de gauche radicale Podemos ("Nous pouvons")

Selon les derniers sondages, c'est cependant l'autre parti émergent, Podemos, qui pourrait avoir le plus à gagner à l'issue d'un vote où il pourrait être deuxième en nombre de voix et prendre la place du PSOE comme grand parti de la gauche. Donné en perte de vitesse jusqu'à l'automne, le chef de Podemos, Pablo Iglesias, 37 ans, a modéré son ton, tout en promettant des mesures pour les très nombreux Espagnols qui vivent encore la crise au quotidien, un actif sur cinq est au chômage.

Après l'élection, "le 21, il faudra qu'il y ait des sourires de complicité, au travail, dans la queue pour le chômage dans les bars où l'on déjeune [....] parmi tous ces gens petits, humbles, qui peuvent donner une leçon aux puissants !", a hurlé Pablo Iglesias, vendredi soir depuis des milliers de personnes en liesse à Valence.

Avec AFP et Reuters