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L’Union africaine décide l’envoi de 5 000 soldats de maintien de la paix au Burundi

L'Union africaine a annoncé l'envoi d'une mission de 5 000 soldats au Burundi pour stopper les violences. En cas de refus de Bujumbura, l'UA a déclaré qu'elle allait prendre des "mesures supplémentaires" pour assurer le déploiement de ses troupes.

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'Union africaine (UA) a autorisé l'envoi d'une mission de 5 000 hommes au Burundi pour tenter de stopper les violences dans ce pays. L’instance africaine a donné quatre jours à Bujumbura pour en accepter le principe, d’après un communiqué publié tard vendredi 18 décembre.

Réuni vendredi à Addis Abeba, le CPS a décidé d'autoriser le déploiement "d'une Mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU), pour une période initiale de six mois, renouvelable", précise le communiqué.

L'envoi des troupes reste néanmoins soumis à un accord de Bujumbura qui paraît peu probable. D’après le texte, l’UA a demandé "au gouvernement du Burundi de confirmer dans les 96 heures suivant l'adoption de ce communiqué qu'il accepte le déploiement de la MAPROBU et de coopérer avec elle". Toutefois le CPS a prévenu que si Bujumbura devait s'opposer à l'envoi de cette mission, l'UA prendrait des "mesures supplémentaires" pour en assurer le déploiement. À défaut, l’envoi de la mission serait soumis à l’approbation des chefs d'État de l'UA, selon un fonctionnaire de l'instance africaine.

Bujumbura rejette la faute et accuse le Rwanda

Rejettant le bien-fondé de cette mission, Karerwa Ndenzako, porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza n'a pas tardé à réagir sur Twitter. "Le porte-parole du gouvernement estime que le CPS de l'UA devrait plutôt envoyer une mission (...) au Rwanda, les menaces contre la paix et la sécurité au Burundi venant de là", a-t-il déclaré. Bujumbura accuse depuis plusieurs mois le Rwanda d'héberger une rébellion en gestation, mise sur pied par certains des meneurs d'une tentative de coup d'État militaire déjouée les 13 et 14 mai.

Les troupes qui pourraient être envoyées au Burundi proviendront de la Force est-africaine en attente (EASF), composante régionale de la Force africaine en attente (FAA), a indiqué Bonaventure Cakpo Guebegde, membre du Bureau régional Burundi et deux-Congo au département Paix et Sécurité de l'UA. Dix pays fournissent des troupes à l'EASF: le Burundi, les Comores, Djibouti, l'Ethiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda, les Seychelles, la Somalie et le Soudan.

Protection des civils

La décision du CPS a été motivée par l’urgence de protection des civils, a indiqué Bonaventure Cakpo Guebegde. Cette prise de position intervient une semaine après l'attaque le 11 décembre de trois camps militaires à Bujumbura et en province, les affrontements les plus intenses au Burundi depuis une tentative ratée de coup d'État militaire en mai. Les affrontements et les opérations de ratissage qui s'en sont suivies ont fait officiellement 87 morts, mais des ONG et l'ONU évoque un bilan "bien plus élevé", dénonçant des exécutions extra-judiciaires.

Le Burundi a plongé dans une profonde crise politique depuis la candidature fin avril de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat. Cette décision politique avait été jugée contraire à la Constitution d’après ses adversaires, et à l’encontre de l'Accord d'Arusha ayant permis la fin de la guerre civile (1993-2006) entre l'armée dominée alors par la minorité tutsi et des rébellions hutu. La mise en échec du putsch en mai, la répression brutale de six semaines de manifestations quasi-quotidiennes à Bujumbura à la mi-juin et la réélection de M. Nkurunziza lors d'un scrutin controversé à la mi-juillet n'ont pas empêché l'intensification des violences armées.

L'Afrique et la communauté internationale s'inquiètent depuis plusieurs mois des possibles "conséquences dévastatrices" de cette crise, pour le Burundi, dont l'histoire post-coloniale est jalonnée de massacres entre Hutu et Tutsi, mais aussi au-delà pour la région très instable des Grands lacs. "L'Afrique ne permettra pas un autre génocide sur son sol", avait fait savoir le CPS jeudi sur Twitter.

Avec AFP