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Al-Qaïda au Maghreb affirme avoir assassiné un otage britannique

Dans un communiqué mis en ligne sur un site islamiste, le groupuscule Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) a annoncé avoir assassiné Edwen Dyer, un touriste britannique qu'il avait enlevé au mois de janvier dernier au Niger.

Dans un message diffusé sur Internet, Al-Qaïda au Maghreb islamique a annoncé avoir exécuté un otage britannique capturé à la frontière entre le Niger et le Mali.

Selon le message, Edwin Dyer a été tué dimanche 31 mai, peu après que le gouvernement britannique n’ait été en mesure de remplir les conditions de sa libération.

“Nous informons nos frères musulmans ainsi que l’opinion publique que nous avons exécuté le prisonnier britannique Edwin Dyer le dimanche 31 mai à 19h30 heures locales", peut-on lire dans le message.

La déclaration, rédigée en arabe et datée du mardi 2 juin, était signée par le "bureau de presse et d’information d’Al-Qaïda au Maghreb islamique". Aucune mention n’a été faite du lieu où elle a été écrite.

La branche nord-africaine d’Al-Qaïda se fait appeler Al-Qaïda au Maghreb islamique. Elle est également très connue sous l’acronyme "AQMI".

À l’annonce de la nouvelle, le Premier ministre britannique Gordon Brown a condamné "un acte de terrorisme barbare" et a présenté ses condoléances à la famille Dyer, ainsi qu’à tout le pays.

Trois autres Européens ont été capturés avec Dyer le 22 janvier, alors qu’ils rentraient du Festival de culture nomade d’Anderamboukane, située dans la région frontalière entre le Mali et le Niger. Deux des otages, un Allemand et un Suisse, ont été relâchés en avril dans le nord du Mali.

Des informations contradictoires n’ont pas permis de déterminer si le groupe avait été enlevé au Mali ou au Niger. La frontière entre les deux pays traverse une zone du Sahara où les autorités maliennes combattent les rebelles Touaregs.

Au milieu de nul part

Peu après sa capture, Al-Qaïda a menacé de tuer Edwin Dyer si le gouvernement britannique ne rendait pas la liberté à Abou Qatada, un imam radical incarcéré au Royaume-Uni. La date limite a par la suite été prolongée jusqu’au 31 mai.

Selon les spécialistes du contre-terrorisme sur Internet, la publication de messages par ce groupe a augmenté ces dernières années.

“Le fait qu’ils se trouvent au milieu de nulle part ne signifie pas qu’ils ne peuvent pas faire passer leurs messages”, déclare James Brandon, chercheur à la fondation Quilliam basée à Londres, qui étudie les mouvements extrémistes.

La milice islamiste a menacé par le passé d’attaquer des intérêts français, algériens ou encore américains. Elle a été formée lorsque le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC a publiquement prêté allégeance à Al-Qaïda.

Si les racines du groupe se trouvent en Algérie, leur zone d’opération, selon les experts, correspond aujourd’hui à la région désertique du Sahel qui s’étend des régions semi-arides du Sénégal jusqu’à certaines parties de la Mauritanie, du Mali et du Niger.

La libération d'Abou Qatada comme but

Par le passé, le groupe a publiquement demandé la libération de divers prisonniers musulmans en Occident en échange de celle de touristes enlevés. Mais, selon les experts, le groupe terroriste veut en réalité négocier des rançons pour la libération de ses otages.

James Brandon n’est pas surpris par la demande de libération d’Abou Qatada. "Je pense qu’ils cherchaient quelque chose pour coincer le gouvernement britannique", estime-t-il.

Abou Qatada, un islamiste jordanien, est détenu au Royaume-Uni depuis 2005 et est recherché à Amman. Il est soupçonné d'être impliqué dans une tentative d’attentat dans des hôtels de la capitale, Amman. Lui nie farouchement toute implication dans une telle opération et a appelé la justice britannique à l’extrader vers la Jordanie. 

Selon James Brandon, plusieurs messages de l’imam ont déjà été publiés sur des sites Internet jihadistes, ces derniers mois. Ces messages porteraient notamment sur ses conditions de détention et sur l’offensive israélienne sur Gaza, en décembre et janvier derniers.

Le département qui gère les prisons britanniques conteste pour sa part qu'Abou Qatada ait publié des messages depuis les quartiers de haute sécurité où il réside, dans le Worcestershire.