La Réserve fédérale américaine a décidé, mercredi, de relever ses taux directeurs pour la première fois depuis 2006. Une décision historique qui amorce une normalisation de la politique monétaire américaine.
La banque centrale américaine (Fed) a pris mercredi 16 décembre la décision historique de relever ses taux pour la première fois en près de 10 ans. Ses taux directeurs, qui étaient maintenus proches de zéro depuis fin 2008, seront relevés de 0,25 point et évolueront désormais dans une fourchette comprise entre 0,25 % et 0,50 %, a décidé à l'unanimité le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à l'issue de deux jours de réunion à Washington.
Bien que modeste, cette hausse pourrait marquer le début de la fin de la politique monétaire extrêmement accommodante déployée par la Réserve fédérale pour soutenir la reprise américaine et fluidifier le crédit après la récession de 2008-2009. Sa résonance promet par ailleurs d'être planétaire.
L'annonce de la Fed, faite par la voix de sa présidente Janet Yellen, était attendue depuis plusieurs mois. L’économie américaine a en effet repris des couleurs, le chômage est passé sous la barre des 6 % et l’utilité de maintenir des taux proches de zéro, synonymes de crédits peu chers et donc de dynamisme économique, n’était plus évidente.
Vers 2 % d'inflation annuelle
Dans son communiqué publié mercredi, le FOMC se dit "raisonnablement confiant" dans le fait que l'inflation annuelle remontera "à moyen terme" vers son objectif de 2 %. Les dépenses des ménages et l'investissement des entreprises ont par ailleurs augmenté à des "rythmes solides au cours des récents mois", note encore le FOMC, selon qui l'activité économique dans son ensemble a crû à un rythme "modéré".
Au vu de la situation économique, la Fed prévient toutefois que les futures hausses des taux seront "graduelles", qu'elles dépendront des données économiques à venir et que la politique monétaire restera, en tout état de cause, accommodante pendant "un certain temps".
La dernière hausse des taux aux États-Unis remontait à juin 2006 lorsque la Fed voulait calmer le marché immobilier qui éclatera deux ans plus tard avec la crise des prêts à risques "subprimes".
Turbulences pour les pays émergents ?
Ce changement de cap, qui tranche avec l'intensification de l'action des banques centrales européenne et japonaise, pourrait par ailleurs provoquer des turbulences sur les marchés mondiaux, rendus nerveux par la fin de l'ère de "l'argent pas cher", et déstabiliser des pays émergents inquiets de voir les investisseurs se ruer vers le dollar.
La politique des taux zéro a en effet poussé de nombreux investisseurs à placer leurs fonds au Brésil, en Turquie ou en Afrique du Sud, en quête de rendements plus rémunérateurs. Avec ce revirement de situation, ces pays vont devenir moins attractifs et pourraient subir une brusque accélération d'un exil des capitaux qui a déjà commencé. La Banque mondiale leur a d'ailleurs conseillé d'"attacher leur ceinture" et à se préparer à des turbulences.
Avec AFP