
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a saisi la police judiciaire, mercredi, après la publication par la présidente du Front national Marine Le Pen de photos d'exécution imputées à l'organisation de l'État islamique sur son compte Twitter.
Ces photos sur Twitter sont "une abjection, une abomination et une véritable insulte pour toutes les victimes du terrorisme". Le ministre français de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ne visait pas, par ces propos, un quelconque fil de propagande jihadiste, mais le compte officiel de Marine Le Pen, présidente du Front national.
Il a signalé à la plateforme Pharos de la police judiciaire (mise en place pour dénoncer des contenus illicites sur Internet) trois clichés que la chef du parti d’extrême-droite a publiés sur son fil Twitter mercredi 16 décembre. Ces images très crues montrent des victimes du mouvement terroriste de l’organisation de l’État islamique (EI). L’une d’elles dévoile, notamment, le corps décapité d’une personne dont la tête a été placée sur son torse.
Peu avant, le Premier ministre Manuel Valls avait également réagi à ces publications, dénonçant une démarche "incendiaire du débat public, une faute publique, faute politique et morale".
La question qui fache
Quelle mouche a donc piqué Marine Le Pen ? La présidente du Front national assure avoir voulu réagir aux propos du journaliste de RMC Jean-Jacques Bourdin. "Le parallèle fait ce matin par Jean-Jacques Bourdin entre Daech [l’autre nom de l’EI, NDLR] et le FN est un dérapage inacceptable", avait-elle gazouillé sur le site de microblogging avant de sortir l’artillerie lourde : ces photos issues de la propagande de l’EI.
Le présentateur interrogeait, mercredi matin, le spécialiste du jihadisme Gilles Kepel sur le processus de radicalisation à l’occasion de la sortie de son ouvrage "Terreur dans l’Hexagone". Le journaliste demandait à son interlocuteur de réagir aux "liens pas directs entre Daech et le Front national mais ce repli identitaire, qui finalement est une communauté d'esprit" (sic).
C’est cette phrase qui a fait sortir Marine Le Pen de ses gonds sur Twitter. Nombreux sont ceux qui, sur le réseau social, se demandaient si la député européenne n’était pas allée trop loin en publiant ces photos de propagande de l'organisation terroriste. Notamment au regard des règles de conduite du réseau social et à la loi interdisant l'apologie du terrorisme. "Quand un petit con reprend la propagande de Daech sur Twitter, il se prend 2 ans de prison ferme [un lycéen de Caen de 16 ans, NDLR]. Quand c’est le compte officiel de Marine Le Pen, il se passe quoi ?", s’interroge Nicolas Henin, journaliste et ex-otage de l’État islamique. Twitter, contacté par France 24, n'a pas souhaité faire de commentaire.