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Alors que Les Républicains n'ont remporté que sept régions sur 13, les lignes de fractures se précisent au sein du parti de l’opposition, dont l’unité est mise à mal par la course à la primaire présidentielle.

Nicolas Sarkozy a évité le pire : voir le Front national (FN) remporter ne serait-ce que l'une des 13 régions françaises. Pour celui qui avait justifié son retour sur la scène politique "par devoir", se présentant comme l’unique "rempart" contre le FN, le camouflet aurait été sévère et les perspectives d’avenir plus qu’incertaines.

Finalement, Les Républicains (LR) ont réussi à l’emporter dans sept régions, s'imposant dans les Pays de la Loire, l'Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Normandie. La droite a également conquis les deux plus grandes régions : l’Île-de-France, gérée par la gauche depuis 17 ans, et Auvergne-Rhône-Alpes. Pas de quoi fanfaronner néanmoins. Ce sont avec les voix de la gauche que les régions du Nord, Grand-Est et Paca ont pu être remportées. Xavier Bertrand, élu dans le Nord, a d’ailleurs été clair : "Cette victoire n’est pas celle des partis […] Nul ne peut dire qu’il a gagné".

Pas même Nicolas Sarkozy. L’ex-chef de l’État est resté modeste après cette victoire en demi-teinte. Il avait mis la barre plus haut et tablait sur 10 régions au moins, entendant prendre sa revanche sur l’humiliation des régionales de 2010 où la vague rose n’avait épargné que l’Alsace. D’autant que la progression du FN s’est confirmée dans les urnes au second tour des régionales. Si le parti lepéniste n’a pas remporté de région, il a réalisé un nouveau record national de voix : + 800 000 entre le premier et le second tour.

L’heure de l’affrontement a sonné

Anticipant sur ceux qui ne manqueraient pas de remettre en cause sa légitimité à la tête du parti, Nicolas Sarkozy a tenté, dimanche soir, de restaurer son autorité de chef de parti et de jouer la carte de l’unité. "L'unité et l'union ne peuvent pas être de circonstance", mais doivent "traduire la volonté déterminée de tous les responsables de l'opposition d'avancer, ensemble, vers de nouvelles échéances", a-t-il déclaré  depuis le siège parisien du parti, à l'issue des résultats. Peine perdue.

Ce sont au contraire les lignes de fracture qui se sont précisées, lundi 14 décembre, à l’issue d’un bureau national. Nicolas Sarkozy a annoncé qu’un conseil national aurait lieu les 13 et 14 février pour trancher le débat sur la ligne idéologique. D’ici là, un "remaniement" de la direction aura lieu début janvier, et il risque de coûter son poste à l’actuelle vice-présidente, Nathalie Kosciusko-Morizet. Celle-ci a confirmé son éviction, critiquant au passage cette "vieille idée stalinienne" qui consiste à "évincer, au moment où on lance le débat, ceux qui ne sont pas d’accord".

Juste après les résultats du second tour, elle avait ouvertement attaqué la stratégie du "ni retrait - ni fusion" défendue par l'ancien président. "Je pense que si les électeurs avaient appliqué le ni-ni nos candidats dans le Nord-Pas de Calais-Picardie et en région Paca auraient été battus. C'est une évidence", avait relevé dimanche soir sur TF1, la députée de l'Essonne.

Le calendrier présidentiel en débat

Autre point de discordance : la date de la primaire LR, qui a, par ailleurs, été abordée lundi matin. La semaine dernière, des voix, comme celle de Christian Jacob, s'étaient élevées au sein du parti pour que la date soit avancée. Lundi matin, l'ancien ministre Luc Chatel a lui aussi appelé à avancer la date de la primaire avant l'été alors qu'elle est prévue les 20 et 27 novembre 2016.

En revanche, François Fillon, candidat déclaré à la primaire, y est farouchement hostile. "Le sujet", selon lui, "c'est que la France s'enfonce dans une crise politique majeure qui trouve d'abord ses origines dans une crise économique et sociale",  a rapporté son entourage. Il a appelé à un projet "puissant" qui sera "arbitré" à l'occasion de la primaire. Dimanche, François Fillon avait estimé que les régionales constituaient "le dernier avertissement avant 2017", rappelant qu’il avait des réformes audacieuses à proposer. "J’ai un projet pour faire gagner la France", avait-t-il déclaré dimanche, précisant qu’il entendait, sans tarder "repartir au combat".

Alain Juppé n’entend pas plus rentrer dans les rangs. Absent du bureau national lundi matin, le principal rival de Nicolas Sarkozy à la primaire de 2016, avait affirmé dimanche soir, dans un discours quasi présidentiel, sa détermination à "changer radicalement de cap". "Nous avons à tirer les leçons de ce scrutin. [...] Nous avons tous un devoir de lucidité", avait-t-il déclaré. Sans attendre Sarkozy, il avait prévenu qu’il ferait ses propres propositions, pour une "France fraternelle". Un message que  Les Républicains auront, pour l’instant, du mal à faire à faire passer.