
C'est finalement le prince de Galles qui représentera son pays aux cérémonies du 65e anniversaire du Débarquement de Normandie, samedi. Son invitation vient clore un imbroglio diplomatico-protocolaire sur la présence la reine Elizabeth II.
AFP - A quatre jours des cérémonies du 65e anniversaire du Débarquement, l'embarrassant imbroglio diplomatico-protocolaire autour de l'éventuelle présence de la reine Elizabeth II en Normandie a trouvé un épilogue, avec l'invitation de son fils le prince Charles.
Faut-il convier sa Gracieuse majesté à ce qui ne devait être à l'origine qu'une cérémonie bilatérale entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama ? Lancée par des fuites dans la presse, alimentée par l'entrée en scène inattendue de la Maison blanche, la question a agité plusieurs jours les chancelleries, au point de perturber la préparation des réjouissances du 6 juin.
Après moult hésitations, cet épineux débat s'est clos mardi avec un communiqué de Clarence House annonçant que le prince de Galles en serait, "à l'invitation du président Sarkozy".
Cette agitation a été lancée le 28 mai par le Daily Mail, qui affirmait sur la foi de sources proches de son entourage que la reine était "furieuse" et "frustrée" de ne pas avoir été conviée à la cérémonie qui doit réunir samedi les présidents français et américain au pied des milliers de croix blanches du cimetière américain de Colleville (Calvados).
Soucieux de dissiper tout malentendu, le porte-parole du gouvernement français, Luc Chatel, a répondu que la reine était naturellement la "bienvenue" sur les plages du Débarquement et prudemment renvoyé la balle Outre-Manche. Le Premier ministre Gordon Brown a été invité à sa demande, a-t-il ajouté, mais "il n'appartient pas à la France de désigner la représentation britannique".
L'affaire semblait close, d'autant que Buckingham Palace démentait dans la foulée toute grogne d'Elizabeth II et assurait qu'aucun membre de la famille royale ne se rendrait en Normandie, faute d'invitation.
Mais lundi, la Maison blanche soufflait sur les braises en faisant savoir, par son porte-parole, qu'elle oeuvrait "avec les parties concernées" pour que la souveraine britannique puisse se rendre en Normandie.
Surprise chez Gordon Brown, "pas au courant" de l'opération initiée par Washington, mais la jugeant "bienvenue", selon son porte-parole.
Paris a assuré mardi ne pas avoir été informé non plus de la démarche américaine, mais n'a pas caché son soulagement à l'annonce de la venue du prince de Galles. "Nous avions invité les Britanniques, c'était à eux de régler leur problème de représentation", s'est-on réjoui à l'Elysée, démentant toute "pression" américaine en faveur de la famille royale.
"Gordon Brown connaît une situation politique délicate", a confié à l'AFP une source française, "et il ne souhaitait pas que la reine soit présente parce que, protocolairement, si elle est présente, c'est elle qui s'exprime. Le prince Charles, lui, ne parle pas". "Ils ont réglé leur problème entre eux, tant mieux".
Un porte-parole de la Maison blanche, Ben Chang, s'est lui aussi réjoui de cette issue, rappelant qu'il s'était prononcé pour "une participation entière" des Britanniques aux cérémonies.
L'explication "anglo-anglaise" n'a pas convaincu l'opposition de Nicolas Sarkozy. Benoît Hamon (PS) a estimé que le chef de l'Etat avait fait preuve d'une "désinvolture (...) coupable et peu élégante" en n'invitant pas formellement la reine.
Le président du MoDem François Bayrou a déploré un geste "choquant", "grossier" et "ingrat". "Cette journée n'a qu'un but, il est simple, c'est qu'il n'y ait que Nicolas Sarkozy et Barack Obama de reconnaissable sur la photo", a-t-il raillé.