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Leader du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy ne s’est rendu qu’à deux meetings entre les deux tours des régionales : en Charente-Maritime et en Corse. Partout ailleurs, les candidats LR ont plus ou moins poliment refusé sa venue.

Il n’est pas franchement réclamé par ses lieutenants. Entre le premier et le second tour des élections régionales, l’ancien chef de l’État Nicolas Sarkozy, qui fut longtemps un soutien indispensable lors des meetings de ses ouailles, n’a pas souvent été sollicité par les candidats de son parti Les Républicains (LR).

L’exemple le plus criant vient sans doute de Xavier Bertrand, le candidat LR qui affronte Marine Le Pen dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie. "Mais qu'ils se taisent, bon sang !", a-t-il lâché, mercredi 9 décembre, en s’adressant à Nicolas Sarkozy et aux autres ténors de son parti. "Cette campagne, je l’ai voulue locale avec des gens de chez nous […] Je veux avoir les coudées franches et n'avoir des comptes à rendre qu'aux six millions d'habitants de la région, pas aux états-majors", s'est-il emporté. "Dans les états-majors parisiens, mon dieu, qu'ils se mettent au travail, qu'ils parlent un peu moins. Nous on s'engage sur le terrain à portée d'engueulade ! Qu'on nous foute la paix !", a-t-il conclu.

La raison de son courroux ? Les propos de son chef de parti qui a déclaré cette semaine que voter pour un candidat frontiste ou socialiste revenait "à la même chose". Et d’ajouter que "voter FN, ce n’est pas immoral". Xavier Bertrand, qui devrait bénéficier du report de voix des socialistes dans la région après le retrait du candidat PS, Pierre de Saintignon, ne digère pas la sortie de l’ancien chef de l’État.

Changement de stratégie chez LR : "On est proches du peuple, loin des états-majors"

Au total, l’ex-hyperprésident ne se sera déplacé qu’à deux meetings : à Rochefort, mercredi, pour soutenir Virginie Calmels, candidate pour la région Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente et en Corse, jeudi soir, pour aider José Rossi. À part ça, rien. Alors qu’au premier tour des régionales, le patron des Républicains s’affichait volontiers aux côtés des postulants de son parti, nombreux sont ceux qui ont voulu affronter la dernière ligne droite de la campagne sans son concours. Est-ce le très bon score du Front national qui a changé la donne ? "Sûrement, analyse Olivier Rouquan, spécialiste de politique française à l'Institut supérieur du management public et politique (ISMAPP). Il y a aujourd’hui une volonté des leaders régionaux de dire aux électeurs : 'on est proches de vous, on vous écoute. On est loin des appareils partisans, des dirigeants nationaux'. Une stratégie que le FN adopte depuis toujours".

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C’est en effet peu ou proue le message de Valérie Pécresse, candidate LR-UDI-MoDem en Ile-de-France, qui déclarait mardi que le bureau national de Vaugirard n’avait rien à faire dans "son" élection locale. "Ça n’est pas le président de mon parti qui se présente" aux suffrages des électeurs franciliens, a-t-elle déclaré sur iTELE au journaliste qui lui demandait si Nicolas Sarkozy était "blacklisté" de ses meetings. Stratège, la candidate avait répondu qu’elle ne s’afficherait pas plus aux côtés d'"Alain Juppé, de François Fillon, de Bruno Le Maire, ou d’aucun ténor national".

"On préfère les visites sur le terrain"

La semaine dernière pourtant, des rumeurs faisaient état de la tenue d’une réunion publique autour de Valérie Pécresse avec Alain Juppé et Nicolas Sarkozy à Issy-les-Moulineaux. Il n’en sera rien. "On décidera en fonction du climat et des résultats du premier tour", avait déclaré il y a quelques semaines au "Monde" l’entourage de la candidate. Et manifestement, le climat n’est pas sarkozyste.

L’ancien chef de l’État n’a pas été aperçu en Bourgogne-Franche-Comté, où les colistiers de François Sauvadet (UDI-LR), en deuxième position derrière le FN, ont eux aussi décliné son soutien. Il n’était pas dans le Grand-Est aux côtés de Philippe Richert ou en Rhône-Alpes-Auvergne aux côtés de Laurent Wauquiez. En Bretagne où le PS est en tête, le candidat de droite Jean-Marc Le Fur n’a, quant à lui, jamais réclamé le soutien de Sarkozy.

Même dans la région PACA, où l’un de ses plus fidèles soutiens, Christian Estrosi, affronte Marion Maréchal Le Pen, Sarkozy n’a pas été convié. "On préfère les visites de terrains", a simplement indiqué l'entourage du maire de Nice sur France Info.