Si la disparition du vol AF447 reste encore inexpliquée à cette heure, la thèse du foudroiement d'abord avancée par Air France est battue en brèche. Pour les experts, le risque est largement pris en compte lors de la construction des avions.
Le mystère reste entier sur les causes de la disparition de l’Airbus A330 d’Air France au-dessus de l’Atlantique alors qu’il assurait le vol Rio-Paris avec 228 passagers à son bord, dans la nuit de dimanche à lundi.
Dans un premier temps, Air France a évoqué des "dysfonctionnements" liés à un "vraisemblable" foudroiement de l'avion lors du survol du pot au noir, une zone réputée pour ses fréquentes turbulences climatiques située en plein Atlantique.
Mais plus les heures passent, plus les experts écartent l’hypothèse d’un accident provoqué par le seul foudroiement. "L'appareil se trouvait dans la zone de convergence intertropicale qui est connue pour (…) ses orages violents. Les pilotes qui assurent la liaison entre l'Amérique du Sud et l'Europe ou l'Afrique du Sud et l'Europe le savent, indique à l'AFP Robert Galant, expert aéronautique et enquêteur indépendant pour les accidents d'avions. Dans cette zone, les nuages montent très haut. Les avions sont équipés de radars météorologiques qui permettent de voir les zones de turbulences les plus actives et de les contourner. Il arrive de faire de grand détour pour les éviter", poursuit celui-ci.
"Phénomène banal dans la carrière d’un pilote habitué aux zones de fortes turbulences, la foudre ne provoque pas d’incidents graves", renchérit Pierre Condon, spécialiste de l’aéronautique, sur FRANCE 24. Tout au plus contraint-elle le pilote à dérouter l’appareil, explique-t-il.
Pierre Condon estime plutôt que "quelque chose de très brutal" a dû se produire sur le vol AF447. Il évoque, notamment, une "panne électrique générale subite" qui a pu empêcher les commandes de l’appareil de fonctionner.
Mais même dans ces circonstances, les avions modernes sont équipés d’un système de secours "générateur de courant" qui permet au pilote de reprendre le contrôle de l’avion.
De son côté, l'Office national d'études et de recherches aérospatiales (Onera) estime, lui, que "les avions de ligne sont foudroyés une fois toutes les 1000 heures de vol" et que "le phénomène est pris en compte dans leur conception".
"La foudre peut avoir une conséquence mécanique, elle peut perforer l'appareil mais, normalement, il peut continuer à voler", relève Vincent Favé, expert auprès des tribunaux pour les accidents d'avions.
Selon une chronologie établie par l’AFP, deux crashs seulement semblent liés à un impact de foudre au cours des dernières années. Celui d’un appareil de la compagnie chinoise Wuhan Airlines au dessus de la Chine en juin 2000, et celui d'un Boeing 737-800 de Kenyan Airways avec 114 personnes à son bord en mai 2007, au Cameroun.
Selon des experts cités par l’agence, la foudre, "se propage [en général] à la surface de l'avion, dont la structure jusqu'à présent essentiellement composée d'aluminium, excellent conducteur d'électricité, constitue une cage de Faraday".