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Présidentielle : regain de tension en Centrafrique après le rejet de la candidature de Bozizé

Après l'annonce des candidatures retenues pour participer à la présidentielle et le rejet de celle de l'ex-président François Bozizé, des "barricades et des tirs" ont été signalés dans huit quartiers de Bangui, la capitale centrafricaine.

À quelques jours d’un référendum sur l’adoption d’une nouvelle Constitution, qui aura lieu dimanche 13 décembre en Centrafrique, les tensions se sont ravivées, mardi 8 décembre, dans la capitale Bangui. Des barricades ont été érigées et des tirs ont été entendus dans les rues de la ville après l’annonce des candidatures validées pour le premier tour de la présidentielle, prévu le 27 décembre, et le rejet de celle de l’ancien président François Bozizé.

Selon la Cour constitutionnelle, l’ex-chef d’État ne pourra pas se présenter, car il n’a pas fourni la preuve de son inscription sur les listes électorales. Ce dernier actuellement en exil à Kampala en Ouganda et interdit de voyager en raison de sanctions des Nations unies pour son rôle présumé dans les violences et les tueries intercommunautaires dans son pays.

Barricades et tirs dans huit quartiers de Bangui

Comme l’avait prédit des sources sécuritaires ces derniers jours, le rejet de la candidature de Bozizé a provoqué le mécontentement de ses partisans dans la capitale. Des "barricades et tirs" ont ainsi été signalés dans au moins huit quartiers de Bangui, a affirmé l'ambassade de France à Bangui dans un message de sécurité envoyé par SMS. Elle recommande à ses ressortissants d'"éviter ces secteurs et de limiter les déplacements au strict nécessaire".

Alors que le calme régnait dans le centre-ville, la situation était surtout tendue dans les quartiers périphériques de la capitale comme Combattants (non loin de l'aéroport) et Gobongo, proches des fiefs des anti-balaka. "Des tirs sporadiques persistent dans la capitale. L’avion d’Air France a pu décoller avec un léger retard. Il y avait des tirs autour de l’aéroport en fin d’après-midi", raconte Anthony Fouchard, le correspondant de France 24 en Centrafrique. "Le calme est revenu. Le couvre feu qui a été instauré fin septembre après les violences est toujours en vigueur. À 20 h, il est interdit à tout le monde de sortir dans les rues", rapporte-t-il dans la soirée. La capitale centrafricaine, régulièrement secouée par des violences, avait ces derniers jours connu une période d'accalmie après la visite du pape François à Bangui les 29 et 30 novembre.

Un scrutin qui s'annonce complexe

La Cour constitutionnelle centrafricaine a retenu au total 30 candidatures dont celles de plusieurs poids lourds politiques comme Martin Ziguelé, Anicet-Georges Dologuélé ou encore Karim Meckassoua. Une seule femme figure dans la liste, Régina Konzi, professeur d'anglais et candidate "indépendante". L'actuelle présidente de transition, Catherine Samba Panza, ne pouvait pas juridiquement se présenter.

La candidature de Patrice-Edouard Ngaïssona, le coordinateur général des milices (majoritairement chrétiennes et animistes) anti-balaka accusées d'avoir commis d'innombrables exactions sur la population depuis deux ans, a en revanche été rejetée.

"On ne peut pas dire que ce sont seulement les militants de l’ex-président qui ont érigé les barricades et qui ont tiré dans plusieurs quartiers de la ville, car il y a aussi la candidature de Patrice-Édouard Ngaïssona qui a été invalidée", précise Anthony Fouchard. "Dans les rues de Bangui, selon plusieurs témoins, il y avait à la fois des partisans de Bozizé et de Ngaïssona".

La Cour Constitutionnelle a également examiné les dossiers des quelque 1 800 candidats aux législatives qui se présentent dans les 141 circonscriptions du pays. Le premier tour des élections présidentielle et législatives est officiellement prévu le 27 décembre, avant un éventuel second tour le 16 janvier 2016. L'organisation pratique des scrutins s'annonce toutefois complexe, notamment pour préparer et acheminer le matériel électoral dans tout le pays, alors que des chefs rebelles tenant des zones de province, dont Nourredine Adam, ex-numéro 2 de la Séléka, ont fait savoir qu'ils s'opposeraient à la tenue de ces élections.

Avec AFP