Leela Jacinto est l'envoyée spéciale de France24.com à Bombay. Objectif : enquêter sur les attaques terroristes, comprendre ce qui s'est passé, parcourir la ville et rencontrer ses habitants. Posez-lui vos questions en cliquant sur 'Réagir'.
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Encouragés par une série de messages SMS anonymes envoyés via des sites Web de réseau social comme Facebook et repris par des radios locales, des milliers d’Indiens sont descendus dans les rues du quartier chic de Colaba à Bombay, pour crier leur colère aux hommes politiques, coupables, selon eux, de négligence face à la menace terroriste.
Personne ne sait comment le mouvement a commencé, ni qui en est à l’origine. Enfin pas encore. Mais peu après l’arrestation des derniers assaillants, des SMS ont commencé à tourner. "Faisons quelque chose, les gars, disait l’un d’eux. Quelque chose ! Un mouvement de contestation. Quelque chose qui puisse montrer que jamais nous ne courberons l’échine. Quelque chose qui dise aux leaders et aux politiciens que nous voulons vivre en sécurité […] Un mouvement sans nom, sans leader […] mercredi 3 décembre à 18 heures. Exigeons que nos droits soient respectés. Le droit de vivre sans peur. Consacrons un après-midi de notre vie. Cela en vaut la peine. Si vous êtes d’accord, diffusez ce message."
Des dizaines de milliers d’habitants de Bombay ont décidé que cela en valait effectivement la peine. Une semaine jour pour jour après le premier tir, qui a donné le coup d’envoi aux 60 heures de terreur dans la ville, les manifestants se sont donné rendez-vous sous l’arche de basalte du front de mer, la "Porte de l’Inde", et, dans un immense cortège de chandelles vibrant d’humanité, sont passés devant l’hôtel Taj Mahal calciné, puis devant le Leopold Café, où dix personnes ont été tuées.
A l’extérieur du célèbre café, Rushabh Choksi, un étudiant de 21 ans, et ses amis font des affaires en vendant des t-shirts "I love Mumbai" ("J’aime Bombay"), "Enough is Enough" ("Trop c’est trop") ou "Mumbaikar" ("Habitant de Bombay") inscrits en travers de la poitrine.
Trois jours auparavant, Choksi et son frère aîné ont fondé une ONG appelée SOS Mumbai. Ils ont créé un nom de domaine sur Internet, ont diffusé les SMS et imprimé les t-shirts. Les deux frères comptent reverser l’intégralité des bénéfices tirés de la vente des t-shirts aux familles des victimes.
"Après les attaques, nous ne voulions pas voir les gens compatissants et inactifs, déclare Choksi. Nous faisons ça parce que je pense qu’il est temps que nos voix soient entendues". "C’est ma ville, je dois faire quelque chose", ajoute son ami Aditya Gupta.
Si tous les manifestants témoignaient tous de leur stupeur après ces nouvelles attaques terroristes à Bombay, très peu s’accordaient sur ce qui devait être fait.
Exhibant ses t-shirts "No Vote, No Taxes" ("Pas de vote, pas de taxes") et "No Protection, No Security" ("Pas de protection, pas de sécurité"), Sridhar Chari, un homme d’affaires de 44 ans, hausse les épaules lorsque un groupe de jeunes protestataires passe en hurlant "Pakistan, mar ! mar !" ("Attaquez le Pakistan").
"Je ne suis pas du tout d’accord, déclare Chari. Je ne suis pas contre le Pakistan, c’est tellement immature. C’est exactement ce que voulaient les terroristes. Ils ne souhaitent pas la paix entre nos deux pays."
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